Des traîneries pleines de surprises

Des traîneries pleines de surprises
La maison de Fier Père n’est pas toujours à l’ordre, mais cela a un avantage. Il y découvre parfois des trésors quand il fait du ménage…

Je vais commencer en mettant quelque chose au clair. Notre maison est souvent un heureux bordel. Les jouets des enfants se retrouvent partout. Le linge à plier passe la semaine sur le divan en diminuant de jour en jour. La table sert en partie de bureau et on ne fait pas vraiment nos lits le matin.

Quand on fait le ménage, ça dure 3 heures, mais c’est beau, comme dans les revues. Pis une fois qu’on se met à vivre dans ce beau et propre, ça redevient cet heureux bordel.

Ne craignez rien, continuez à lire. Je ne vais pas vous ennuyer ici avec le refrain connu « ma maison est en désordre, mais elle est pleine de vie! » Même si c’est réellement le cas, ce n’est pas là où je veux aller.

Bref, vous savez ce que c’est… On s’habitue au bordel et à ces traîneries anodines qui viennent texturer les surfaces lisses et épurées de nos planchers, de nos comptoirs et de nos meubles. On finit par ne plus voir tous ces petits objets qui ont élu domicile un peu partout. C’est ce qui fait qu’on cherche nos lunettes de soleil pendant de longues et précieuses minutes quand elles sont pratiquement dans notre face, sur le petit meuble de l’entrée.

Une belle traînerie!

Mais parfois, ces traîneries nous sautent au visage, après quelques jours passés sur le sol. Et contrairement à ce que plusieurs pourraient penser, ces traîneries peuvent être d’une beauté inestimable.

Un simple bout de papier. À moitié découpé, à moitié déchiré. Ça doit faire 3 ou 4 jours qu’il est là, entre le fauteuil et la table du salon. Je n’y avais pas porté une attention particulière jusqu’à présent. Dans un élan incontrôlable de rangement, je me penche pour le prendre. Mais avant même que je ne l’atteigne, je vois qu’une main aussi malhabile que persévérante y a écrit « maman » dessus. Je ne l’avais pas remarqué parce que le propriétaire de la petite main aime beaucoup les couleurs pâles. C’était subtil, mais c’était là.

Mine de rien, cette traînerie portait sur elle une marque incroyable. Il y a quelques mois, mon garçon ne savait pas écrire. Pour moi, ce papier ne pouvait être dans le même clan que tous ceux se retrouvant dans le bac bleu sous l’évier. Ce papier était un petit bout d’évolution en soi. Ce papier marquait une étape importante. Il avait beau être sur le plancher du salon depuis quelques jours, il avait beau côtoyer moins dignes que lui, il méritait sa place sur le sol. On accroche des photos et des dessins pas toujours beaux au mur, pourquoi je ne pourrais pas décorer mon plancher de ce beau morceau de papier? Ça fait que je l’ai laissé là.

Bon, en vérité, après quelques heures, j’ai fini par le ramasser après avoir compris que mon garçon en avait fait plusieurs autres du genre et qu’il les avait cachés dans la maison pour que son frère les trouve.

Je ne me souviens plus trop où j’ai mis les papiers. Peut-être sur la table, ou sur une autre pile quelque part. Et pour dire vrai, je suis content de ne pas vraiment le savoir. Ça va me permettre de les retrouver un jour.

 

3 juillet 2019

Naître et grandir

Photos : GettyImages/KatarzynaBialasiewicz et Keven Beauregard

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