Quand le «terrible two» se prolonge…

Quand le «terrible two» se prolonge…
Par Solène Bourque, Psychoéducatrice
Qu’est-ce qui peut expliquer que pour certains enfants, cette période est de courte durée, alors que pour d’autres, elle dure plus longtemps?

Fiston avait environ 2 ans et demi quand le « terrible two », cette phase d’affirmation par le « non! », s’est présenté. Mon tout-petit, doux et câlin, s’est alors transformé en un Petit Loup qui s’opposait à la plupart de nos demandes et qui faisait des crises quand les choses ne se passaient pas comme il le souhaitait.

Ce fut difficile à vivre, comme parent, mais surtout parce que cette période s’est étirée bien au-delà du « 2 ans ». À 4 ou 5 ans, Fiston faisait encore des crises régulièrement et j’avoue, bien humblement, qu’il y a des moments où j’ai usé de stratégies pour éviter de le confronter à des demandes qui, je le savais, se termineraient dans les cris et les pleurs.

Qu’est-ce qui peut expliquer que, pour certains enfants, cette période se passe plutôt calmement ou est de courte durée – ça avait été le cas pour ma fille, de 2 ans son aînée – alors que pour d’autres, elle dure plus longtemps? Et surtout, que faire?

D’abord, il faut comprendre que chaque enfant est unique. La maîtrise des habiletés socio-émotionnelles suivantes est différente d’un enfant à l’autre :

  • La capacité à tolérer la frustration. Certains vivent plutôt calmement les contrariétés, alors que d’autres réagissent au moindre événement qui ne se passe pas comme prévu ou dès qu’ils font face à un refus à la suite d’une demande.
  • La capacité à identifier et nommer les émotions. Plusieurs enfants n’arrivent pas à verbaliser clairement quand ils ont de la peine ou sont en colère. D’autres ont même du mal à comprendre comment ils se sentent : est-ce que c’est plus de la colère, de la déception, de la peine? Pas si simple pour eux!
  • La capacité d’autocontrôle. Avant 4 ans, rares sont les enfants qui arrivent à réguler les réactions qu’ils ont en lien avec les émotions qu’ils vivent, qu’elles soient heureuses ou plus difficiles. Ils vivent tout intensément, joie, comme colère. Arriver à s’apaiser et à reprendre leur calme leur demande un effort considérable!

Dans le cas de Fiston, ces trois habiletés n’étaient pas tout à fait maîtrisées. Un Petit Loup qui était tout en intensité quand il était heureux, à rire aux éclats et à sautiller, mais qui, lorsqu’il vivait une émotion plus difficile, « explosait » facilement aussi! Il avait 6 ans la première fois où il a pu nommer clairement : « Je n’aime pas ça me fâcher, mais c’est plus fort que moi! »

Des stratégies pour aider votre enfant

Et, encore aujourd’hui, même grand, il a de la difficulté quand les choses ne se passent pas comme il l’avait imaginé. C’est pour dire à quel point le tempérament d’un enfant est inné! Et qu’on doit trouver des moyens pour mieux vivre avec cette intensité chez notre enfant. En voici quelques-uns :

  • Offrir des choix. Avec Fiston, par exemple, au lieu de lui dire d’enfiler les vêtements que j’avais prévus, je le faisais choisir ce qu’il voulait porter entre deux ensembles que j’avais préalablement choisis.
  • Mettre l’attention ailleurs. La routine du matin était parfois difficile avec mon Petit Loup. Alors, plutôt que de lui dire simplement que c’était le temps d’aller à la garderie, je lui demandais quel toutou ou quel livre il souhaitait apporter dans l’auto avec lui. Il portait alors son attention sur l’objet à apporter plutôt que sur le départ.
  • Prévoir les transitions entre deux moments de routine. J’essayais le plus possible d’aviser Fiston de ce qui s’en venait. Par exemple, je lui disais qu’il lui restait 5 minutes pour jouer avant de ranger et d’aller prendre son bain et je mettais une minuterie. Oui, bien sûr, c’est tout de même arrivé qu’au bout des 5 minutes, il faisait une crise, mais celle-ci était de moins grande intensité.
  • Valider les émotions. Quand Fiston était contrarié par une situation imprévue, j’ai réalisé que toutes les solutions que je pouvais proposer ne fonctionnaient pas du tout tant que je ne m’étais pas centrée sur son émotion. Alors, d’abord, je lui disais « Je comprends! Ce n’est pas ça que tu souhaitais et tu es déçu. » Ça changeait vraiment les choses. Quand il reprenait son calme, on pouvait alors mieux explorer ensemble les solutions possibles.

Pour en savoir plus :
BOURQUE, Solène. Les grandes émotions des tout-petits : comprendre et soutenir les apprentissages émotionnels chez les 2 à 6 ans. Éditions Midi trente, 2020, 139 p.

 

Mise à jour le 29 mai 2023
Publiée originalement le 14 novembre 2018
 

Naître et grandir

Photo : GettyImages/portsmouthnhcharley

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