Trop de sucre dans l'assiette des tout-petits?

Trop de sucre dans l'assiette des tout-petits?
Par Stéphanie Côté, Nutritionniste
On parle beaucoup du sucre depuis quelque temps. On en parle en mal, comme vous le savez. Et franchement, il ne mérite pas mieux.

On parle beaucoup du sucre depuis quelque temps. Il y a eu plusieurs documentaires et articles ces dernières années sur le sujet. Il y a aussi un livre que j’utilise souvent comme référence, celui de ma collègue nutritionniste Catherine Lefebvre : Sucre - vérités et conséquences. On en parle en mal, comme vous le savez. Et franchement, il ne mérite pas mieux. Sauf qu’il faut quand même faire la part des choses. Je m’explique.

Le principal problème vient de la surconsommation de sucre. C’est correct de cuisiner des biscuits, des muffins, des gâteaux, etc. en utilisant du sucre. Ce serait un énorme problème d’interdire et démoniser la moindre quantité. Ce serait un voyage express vers une relation malsaine avec les aliments. Il y a cependant un équilibre à rechercher.

Pendant que vos enfants sont petits, c’est probablement le meilleur moment pour les protéger contre les méfaits de la surconsommation de sucre. C’est d’autant plus important que les goûts que les enfants développent durant la petite enfance les marqueront probablement à vie. Voici pourquoi il est préférable d’y aller mollo avec les aliments sucrés.

Plus on mange de sucre, plus on risque de souffrir de maladies chroniques : diabète, maladies cardiovasculaires, obésité, hypertension artérielle, cancer, et plus. Sans oublier la carie dentaire, bien sûr. Je sais, à part la carie, ce sont des maladies qu’on imagine bien loin de nos tout-petits puisqu’elles prennent de nombreuses années à se développer. Les ravages d’une surconsommation de sucre arrivent de façon insidieuse. C’est donc pour la santé à moyen et long terme de nos enfants qu’il faut prendre le sucre au sérieux dès maintenant.

Plus on s’habitue au sucre, plus on en mange. Et plus on en mange, plus cela en prend pour nous satisfaire. Idem pour les enfants : plus on leur en offre, plus ils l’aiment. Plus ils l’aiment, plus ils en demandent. C’est une question d’habitude.

Comment diminuer la consommation de sucre?

Pour faire en sorte que nos enfants mangent moins de sucre, on coupe où? Est-ce dans le filet de sirop d’érable qu’on ajoute à leur yogourt nature et dans les petits gâteaux qu’on fait avec amour à l’occasion? Non, le principal problème n’est pas là. Catherine Lefebvre écrit dans son livre que « la sale affaire tient à l’omniprésence des sucres libres en quantité démentielle dans quasiment tous les aliments transformés ou boissons sucrées ». Et ces aliments font souvent partie de notre quotidien et de celui de nos enfants. Ils représenteraient 80 % des sucres libres que nous ingérons.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la solution n’est pas de se tourner vers les aliments avec des substituts de sucre. Ces substituts sont un pansement sur le bobo. Ils camouflent le problème sous un déguisement, mais il est toujours là. Avec les substituts de sucre, les papilles gustatives s’habituent aux aliments sucrés et en redemandent toujours plus. De plus, la saveur sucrée amène le corps à se créer de faux espoirs. Il attend le sucre annoncé, et s’il ne vient pas, le cerveau va continuer à demander ce qu’on lui a promis.

Bref, la seule solution efficace est d’habituer nos papilles à des saveurs peu sucrées. La beauté de la chose avec les enfants est que ça peut se faire naturellement au fil des habitudes alimentaires qu’on leur inculque. De petits gestes simples peuvent faire toute la différence. Celui qui fera la plus grande est de leur offrir très peu (ou pas) de jus de fruits, de laits aromatisés ou de boissons végétales aromatisées (chocolat, vanille, fraise, etc.). Selon Statistique Canada, c’est une des principales sources de sucre dans l’alimentation des enfants de 1 an à 8 ans.

D’autres stratégies

  • Offrir du gruau nature, des céréales peu sucrées, des garnitures non sucrées sur les rôties, etc.
  • Ne pas offrir de dessert à la fin de tous les repas.
  • Offrir du yogourt nature comme premier yogourt à faire découvrir à votre enfant. S’il est déjà habitué au yogourt aux fruits, le mélanger avec du yogourt nature de manière à augmenter toujours un peu plus la proportion de yogourt nature.
  • Diluer les laits ou boissons végétales aromatisés avec la version nature.
  • Cuisiner des collations et desserts maison (muffins et biscuits) en choisissant des recettes peu sucrées.

Ces stratégies permettent, au quotidien, de rester raisonnable avec le sucre. Cela dit, rien n’empêche d’offrir de temps en temps des friandises à votre enfant. C’est même recommandé afin de lui apprendre que, mangées modérément, elles sont compatibles avec une saine alimentation. En voulant « couper » tous les sucres, l’enfant risquerait d’en manger exagérément dès qu’il y a accès, ou même se cacher pour en manger. On veut trouver un équilibre, ou, j’aime bien l’expression anglophone, le « sweet spot », doublement approprié ici!

Pour en savoir plus :

Mise à jour le 20 décembre 2023
Publiée originalement le 15 mars 2016

Naître et grandir

Photo: iStock.com/PeopleImages

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