Le défi avec les petits, c’est de trouver la tactique qui fonctionne bien pour qu’ils se sentent en confiance et partagent ce qu’ils ressentent.« Tu veux un bisou? » C’était ma phrase fétiche lorsque mes enfants étaient en bas âge. Une formule magique qui permettait de chasser tous leurs chagrins!
Elle fonctionnait à merveille avec ma fille Blanche lorsqu’elle était bébé. Ma poulette trouvait refuge dans mes bras et le baiser de maman agissait comme une potion magique. Ça fonctionnait aussi bien pour un genou écorché qu’un doudou perdu. Maintenant, elle a grandi, les bisous de maman fonctionnent encore, mais pas toujours.
Je voudrais parfois remonter le temps, parce que les émotions des bébés sont simples : joie, peur, tristesse, colère, dégoût. En un rien de temps, à peine deux ans de vie, la palette des ressentis s’élargit. La honte, la jalousie, la culpabilité et plusieurs autres émotions s’ajoutent. Celles-là sont plus difficiles à cerner avec précision.
Et avouons-le, même comme adulte, il est parfois complexe d’identifier ce qu’on ressent. Imaginez pour un enfant! En ce qui me concerne, j’essaie de nommer mes propres émotions. Quand je suis déçue, irritée, fatiguée, fière ou reconnaissante, j’essaie de le dire en présence de mes enfants. Ça donne l’exemple. Le défi, avec les petits, c’est de trouver la tactique qui fonctionne bien pour que chacun se sente en confiance et partage ce qu’il ressent.
Avec Clémentine, l’humour a toujours été efficace pour désamorcer une situation. Mon aînée adore que je fasse des pitreries. Et même si elle affirme que je ne suis pas drôle, elle finit toujours par détourner le visage pour ne pas que je vois son envie de rire. J’ai mis quelques années à comprendre que j’envenimais la situation en essayant de la comprendre ou de la raisonner avec mes mots. Quand elle a du chagrin, elle veut se faire distraire.
Quant à Simone, n’essayez surtout pas de faire une blague pour lui remettre un sourire aux lèvres. Votre comportement lui donnerait l’impression que vous riez d’elle. Elle se renfrognerait de plus belle. Ma Bobinette a besoin de verbaliser son chagrin. M’asseoir en silence et lui tendre l’oreille est le meilleur moyen de la voir sourire à court terme.
Pour Blanche, c’est encore la proximité physique qui fonctionne le mieux. Elle a besoin de s’arrimer à mon port pour se ravitailler de bonne humeur. Après quelques instants à se faire câliner, son humeur est plus égale.
Quant à Léonard, il a besoin d’un moment de solitude avant de pouvoir partager ses émotions. S’il est envahi par un chagrin ou une colère trop intense, il se retire de lui-même dans une autre pièce pour être seul. Au départ, je le pourchassais pour poursuivre la discussion ou comprendre ce qui lui arrivait. Maintenant, j’accepte qu’il ait besoin d’être seul pour revenir à un certain contrôle de ses émotions.
Je suis fière de mes enfants et de leurs efforts pour nommer leurs émotions. À leur âge, j’en étais incapable et je gardais tout par en dedans. Heureusement, ça a changé…
Mise à jour le 10 novembre 2024
Publiée originalement le20 octobre 2016
Photo : iStock.com/Steve Debenport