Dans un récent billet (On ne force pas un enfant à manger), j’expliquais qu’on devrait laisser les enfants libres de cesser de manger lorsqu’ils sont rassasiés. J’ai reçu plusieurs commentaires et questions. Notamment de parents qui se demandent plutôt quoi faire si l’estomac de leur enfant est un trou sans fond.
Peut-on priver un enfant de certains aliments? Le restreindre volontairement? Contrôler ce qu’il mange? Non, non et non. Ça ne contribuerait qu’à aggraver le problème en développant une préoccupation, voire une obsession envers les aliments. On devrait laisser les enfants manger à leur faim. Cela dit, des structures doivent être mises en place.
En tant que parent, vous êtes responsable d’établir les horaires de repas et de collations. Vous déterminez « quand » on mange. Établissez des règles claires et informez-en votre enfant. Faites-lui comprendre qu’il aura l’occasion de manger plusieurs fois par jour (3 repas et 2 ou 3 collations au besoin).
On doit manger pour la bonne raison : parce qu’on a faim. Pas pour passer le temps, pour se désennuyer, pour se consoler ou par simple habitude en mettant le pied dans la maison et en allumant la télévision. Manger à tout moment ne laisse pas au corps le temps de ressentir la vraie faim. Si on ne connaît pas la sensation de faim, le rassasiement devient beaucoup plus difficile à reconnaître. Bref, le grignotage brouille les signaux de faim et de satiété du corps.
Vous êtes le chef. Vous décidez du menu, et vous le cuisinez. Le « quoi » est de votre responsabilité. Fournir des aliments nourrissants est l’objectif principal. Les gâteries ont aussi leur place, mais les aliments riches en vitamines et minéraux doivent prédominer.
En cuisinant, vous connaissez la qualité et la quantité des ingrédients qui composent vos recettes. Vous déterminez également le mode de cuisson et c’est donc l’occasion de privilégier ceux qui nécessitent peu de matières grasses. Vous pouvez inclure beaucoup de légumes, des céréales de grains entiers, une bonne source de protéines, etc. Ce sont tous des façons de rendre un repas plus rassasiant. La présence de légumes aide aussi à avoir des portions plus généreuses (donc satisfaisantes), tout en ajoutant très peu de calories.
Où? Exigez qu’on mange à la table. Pas devant la télé ou l’ordi. L’attention doit être disponible pour « écouter » les signaux de notre corps nous indiquant qu’on n’a plus faim. Ce n’est pas possible devant un écran, puisqu’on mange par automatisme, jusqu’à épuisement de la marchandise.
Puis, voici d’autres principes qui peuvent servir.
Le dessert, chez nous, on y a droit même si on n’a pas vidé son assiette. Oui, il faut avoir mangé un peu du repas principal, mais peu importe ce qu’il reste dans l’assiette, le dessert est le même. Ni plus gros, ni plus petit. Et il y a UN dessert, qu’il s’agisse de yogourt nature, de fruits, de crème glacée ou de gâteau. L’enfant comprend ainsi qu’il ne pourrait pas se nourrir de dessert, même si c’était son souhait initial. Cette règle s’applique à tous les membres de la famille. L’enfant ne doit pas penser qu’on lui interdit un (ou un 2e) dessert parce que son poids ou son appétit de lion vous préoccupe. Si vous voulez manger un autre dessert une fois votre enfant couché, c’est votre affaire. Mais à ses yeux, il ne doit pas être une exception.
Évitez de mettre des plats de service sur la table à manger. Les probabilités qu’on veuille une seconde portion sont bien plus grandes quand les aliments sont à portée de main.
Cuisinez les quantités proportionnelles aux nombres de personnes dans votre famille afin d’éviter qu’il y ait de gros surplus.
À mesure que votre enfant grandit et qu’il devient plus conscient, aidez-le à comprendre les signaux de son corps. Demandez-lui comment il sait qu’il a faim, comment il sait qu’il a assez mangé, s’il lui arrive de se sentir « trop plein », etc.
Finalement, dites à votre enfant qu’il ne manquera jamais de nourriture. Il n’a pas besoin de faire de réserves. Offrez-lui des gâteries à l’occasion afin qu’il sache qu’elles peuvent faire partie de son alimentation. L’envie de s’empiffrer devrait s’estomper peu à peu.
Pour des parents, un enfant qui mange plus que la moyenne ou qui est plus enrobé que les autres enfants est préoccupant. Mais il ne faut pas partager cette inquiétude avec l’enfant. Consultez une nutritionniste pour connaître la meilleure marche à suivre qui s’applique à votre situation. C’est une question de santé physique et mentale à long terme…
14 octobre 2010