La réalité des enfants qui ont un trouble du langage

La réalité des enfants qui ont un trouble du langage
Par Marie-Ève Bergeron-Gaudin, Orthophoniste
Il est parfois difficile de s’imaginer à quel point les tout-petits qui ont un trouble du langage travaillent fort!

Ça y est, la rentrée est passée! Pour la plupart des enfants, c’est le retour de la routine et pour certains tout-petits qui présentent des difficultés de langage importantes, c’est aussi le retour des rencontres régulières en orthophonie. Même si elles se déroulent dans le jeu, ces rencontres leur demandent au moins autant d’efforts que les devoirs pour les plus grands. Il est parfois difficile de s’imaginer à quel point ces tout-petits travaillent fort!

Dans mon quotidien d’orthophoniste, j’aide du mieux que je peux les enfants qui ont un trouble de langage. Je vous donne des exemples de difficultés auxquelles ils sont confrontés. Une petite fille de 4 ans a de la difficulté à comprendre les consignes. Dès qu’elle reçoit une directive qui comprend plusieurs éléments comme : « va chercher ton manteau et accroche-le », elle regarde l’adulte avec des points d’interrogation dans les yeux. Un autre exemple : un petit garçon de 4 ans a de la difficulté à bien utiliser ses verbes quand il parle. Il vient d’apprendre à le faire au présent, il essaie de le faire au futur. Il y va de plusieurs tentatives : « Il aller manger », « Il va mange ». Il essaie de trouver la règle, même s’il a souvent entendu « Il va manger ».

Ces enfants ont un handicap, même si celui-ci n’est pas nécessairement visible. Leur quotidien est différent de celui des enfants de leur âge. Chacun réagit aux difficultés à sa manière. Certains vivent de la frustration, d’autres de l’anxiété. Mais tous m’impressionnent par les efforts qu’ils mettent, déjà tout-petits, pour en venir à mieux communiquer ce qu’ils veulent, ce qu’ils aiment. Ce sont tous de grands champions, des superhéros!

La réalité des parents

Les parents d’enfants en difficulté vivent aussi des défis au quotidien. Ce sont souvent des parents pour qui la conciliation famille-travail représente un effort supplémentaire puisqu’ils doivent fréquemment s’absenter afin d’assister aux rencontres en orthophonie de leur enfant (lorsque celui-ci finit par avoir accès à des services…). Mais leur « travail » ne s’arrête pas aux rencontres avec l’orthophoniste, bien au contraire. C’est à la maison, dans le quotidien, qu’ils accompagnent leur enfant afin qu’il puisse mieux fonctionner, mieux comprendre ou mieux se faire comprendre. Je peux vous assurer que les parents travaillent souvent aussi fort que leurs enfants!

Il arrive aussi que ces parents se remettent en question puisque leur enfant progresse plus lentement que la moyenne des enfants du même âge. Ils se demandent parfois s’ils font la bonne chose, s’ils la font bien. La plupart du temps, la réponse est oui! La progression lente est une caractéristique du trouble de langage et n’est pas la conséquence de la façon dont les parents stimulent l’enfant. En fait, les parents d’enfants en difficulté en font généralement plus que la moyenne pour moins de « résultats ». Dans ce contexte, chaque petit défi relevé devient une grande victoire.

Dans ma pratique, je vois des dizaines de parents faire équipe avec leur enfant présentant des difficultés de langage pour lui donner les meilleures chances de réussir à communiquer, se faire des amis et aller à l’école plus tard. Je tiens à lever mon chapeau à tous ces parents. Le désir que vous avez d’accompagner votre enfant afin qu’il puisse tirer le meilleur de lui-même est admirable. À mes yeux, vous êtes aussi des héros du quotidien! Je sais que votre parcours est souvent parsemé d’embûches, mais soyez toujours assurés que votre aide fait une immense différence.

 

22 septembre 2015

Naître et grandir

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