Que dis-tu bébé?

Que dis-tu bébé?
Par Josée Bournival, Auteure, animatrice et blogueuse
Léonard est mon quatrième enfant, mais il est aussi mystérieux que ses trois sœurs. Bien sûr, j’ai plus d’expérience, mais son langage lui est propre.

Ce serait tellement simple si les bébés naissaient avec la faculté du langage. S’ils pouvaient, dès l’accouchement, exprimer clairement ce qu’ils veulent et ce dont ils ont besoin. Malheureusement pour nous, les pleurs sont les mots des bébés. Des mots parfois difficiles à comprendre et qui peuvent générer beaucoup de frustration ou d’anxiété chez les nouveaux parents.

Décoder le langage non verbal d’un nouveau-né est aussi tout un défi. On a beau avoir passé les neuf mois de la grossesse, à guetter ses coups de pieds et ses mouvements dans l’utérus, c’est un être humain à part entière qu’on apprend à découvrir après la naissance.

On pourrait croire que décoder un deuxième enfant est plus simple parce qu’on a déjà traversé cette étape avec l’aîné de la famille. Personnellement, ce n’est pas ce que j’ai vécu. Et même le petit dernier était aussi mystérieux que ses trois sœurs l’ont été avant lui. Bien sûr, j’avais un peu plus d’expérience, mais son langage lui était propre.

Je le surnommais affectueusement « monsieur grognon ». Il grognait sur tous les tons : pour être en position verticale et observer à la ronde, parce qu’il avait besoin de faire un rot, parce qu’il voulait se faire bercer et même lorsqu’il avait besoin de s’étirer. C’était difficile pour moi de saisir toutes les nuances…

Quant aux pleurs, je les trouvais encore plus mystérieux. Ça m’a pris des mois à distinguer le pleur « je veux manger » du pleur « je veux dormir ». J’avais tendance à lui offrir le sein pour l’apaiser rapidement et il s’y endormait parfois, me faisant comprendre qu’il n’avait pas du tout faim.

Chaque petite découverte pour apprivoiser mon fils me remplissait de joie. Comme la fois où j’ai réalisé qu’il s’apaisait au son de ma voix. Même le prendre dans mes bras en étant muette n’avait pas le même effet réconfortant pour lui.

C’était un bébé qui adorait qu’on lui caresse la plante des pieds pendant les changements de couche. J’ai découvert ce détail par hasard… mais chaque fois que je lui gratouillais le dessous des orteils, il semblait apprécier. Ça le relaxait si des gaz incommodaient sa petite bedaine.

Il s’endormait plus facilement si je lui caressais doucement le front et me témoignait son bonheur avec de petits couinements attendrissants.

Léonard me parlait, avec son corps et avec des sons indistincts. Pour parvenir à le comprendre, j’ai dû apprendre une nouvelle langue qui m’était étrangère. Et ce, même si j’étais déjà mère de trois enfants.

Lorsque je repense à tous ces détails, je souris. Parce que cet apprentissage ne se termine jamais vraiment. Même lorsque nos enfants communiquent avec des mots, ils ont des réactions bien personnelles, une manière de communiquer qu’il faut toujours un peu décoder. Et c’est un privilège d’avoir été là dès le jour #1 pour en maîtriser les codes au fil des années qui passent.

 

Mise à jour le 14 octobre 2021
Publiée originalement le 3 décembre 2015

Naître et grandir

 

Photo : Josée Bournival

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