J’ai saisi l’ampleur de la tâche «d’avoir des jumeaux» lorsqu’ils ont commencé à se déplacer par eux-mêmes. Petit résumé de cette période intense.
Je le répète souvent, mais quand les gens apprennent que je suis mère de jumeaux, ils me disent à tous coups : « Ce ne devait pas être facile de vous occuper de deux bébés à la fois. » Non, mais ce n’était pas la période la plus intense!
Certes les boires, les siestes, les nuits, les cris, les pleurs sont autant de situations plus complexes à gérer avec deux bébés qu’avec un seul. Cependant, tant qu’ils étaient petits, j’avais au moins le contrôle sur une chose : leurs déplacements! Je les déplaçais moi-même d’une station de jeu à une autre, de mes bras à leurs lits et je pouvais les laisser en sécurité chacun dans leur parc au besoin.
J’ai saisi l’ampleur de la tâche « d’avoir des jumeaux » lorsqu’ils ont commencé à se déplacer par eux-mêmes. Je me rappelle que Mia, la cadette née une minute après Samuel, a été la première à marcher à quatre pattes. C’est à ce moment que nous avons compris la dynamique entre les deux. Mademoiselle dominait monsieur. Elle prenait d’ailleurs un malin plaisir à ramper vers lui pour lui enlever sa suce et à fuir, tout sourire, avec son précieux butin.
En observant sa sœur, Samuel a lui aussi rapidement appris à trotter. Son bonheur était de fouiller partout où il pouvait se rendre. Évidemment, sa complice l’accompagnait; si bien qu’à deux, ils pouvaient vider les armoires de la cuisine ou leurs tiroirs à vêtements en un temps record.
Deux têtes valent mieux qu’une
À deux, les idées ne manquaient pas et tout projet se réalisait plus facilement et plus vite. Par exemple, ouvrir les tiroirs d’une commode et s’en servir comme escalier pour monter sur le dessus du meuble. Ou encore, vider le contenu de la sécheuse pour y entrer tous les deux et fermer la porte derrière eux. Dans tous les cas, Samuel se servait de sa force et Mia de son agilité. Un vrai beau travail d’équipe!
La seule façon pour moi de respirer un peu, c’était de les faire jouer dans leur parc, et surtout pas les deux dans le même. Mais ça ne durait jamais longtemps. D’abord parce que je ne voulais pas les restreindre dans leurs découvertes et leur développement. Je préférais les laisser explorer leur environnement, à mes risques et périls bien sûr! Ils ont également vite compris comment en sortir.
Puis, au début de l’été, ils se sont mis à marcher et à courir. Quel bonheur, direz-vous, que de sortir avec eux et de leur faire découvrir leur environnement extérieur! Pas vraiment, non. Lorsque nous étions dans la cour arrière, leur jeu préféré consistait à courir vers la rue en passant chacun par un côté de la maison. Sans oublier de regarder derrière eux en riant aux éclats en me voyant paniquée, ne sachant pas par quel côté je devais les poursuivre.
Évidemment, le fait qu’ils se déplacent a contribué à multiplier les conflits. Dès que l’un faisait quelque chose, l’autre se dépêchait de le rejoindre pour l’imiter. Les disputes pour avoir l’objet de l’autre sont devenues monnaie courante et elles le sont toujours aujourd’hui. Je les appelais « ma petite équipe de malcommodes », car même dans l’adversité, ils ont développé une belle complicité pour réaliser leurs mille et une mauvaises idées, dont j’aime me souvenir encore aujourd’hui.
31 mars 2017
Photo : Collection personnelle d’Isabelle Paradis