Premiers repas, premiers tracas!

Premiers repas, premiers tracas!
Par Stéphanie Côté, Nutritionniste
Voici des situations qui vous préoccupent peut-être… et de quoi vous rassurer.

Comme parent, on a tendance à s’inquiéter lorsque l’introduction des aliments complémentaires ne se passe pas comme on l’imaginait. Voici des situations qui vous préoccupent peut-être… et de quoi vous rassurer, je l’espère.

Bébé recrache

Les premières fois que bébé mange des purées, c’est normal qu’il y en ait plus sur son menton que dans son estomac! Après 6 mois (ou environ) à uniquement boire, il doit apprivoiser les aliments complémentaires. Au contact des premières purées ou des premiers aliments en morceaux, il est légitime que bébé se demande : « Qu’est-ce que c’est que ça? » et « Qu’est-ce que je fais avec ça? »

Il y a d’abord une question d’habileté. Les aliments, et même les purées, ne s’avalent pas aussi facilement que le lait. Bébé doit apprendre à mastiquer et à utiliser sa langue pour déplacer les aliments dans sa bouche. Les premiers essais ne sont pas concluants. Pour aucun bébé. Soyez rassurés.

Puis il y a l’enjeu que représentent les saveurs. S’il est allaité, il a toujours connu un lait dont la saveur varie en fonction de l’alimentation de sa maman. Mais l’introduction des aliments complémentaires lui offre un contact direct et plus intense avec les nouvelles saveurs. L’écart est encore plus grand avec un bébé nourri aux préparations pour nourrissons qui est habitué à une seule saveur. Avec l’alimentation, il y a tout un monde qui s’ouvre à lui. Il est normal qu’il apprécie instantanément certaines saveurs, comme les fruits sucrés, mais qu’il ait besoin de plus d’essais pour certains légumes, notamment. Dans tous les cas, il faut savoir que votre bébé développe à la fois ses goûts et ses habiletés. Rien de cela n’est instantané.

Si votre bébé est carrément incapable d’avaler des aliments, même après plusieurs semaines, il est bien sûr recommandé d’en parler à son médecin. L’intervention d’un ergothérapeute peut s’avérer nécessaire. C’est le spécialiste qui aide, entre autres, à traiter les problèmes de déglutition.

Bébé vomit

C’est une chose si votre bébé recrache, c’en est une autre s’il vomit. Il peut y avoir plusieurs causes. Chez certains bébés, les vomissements sont dus à une immaturité de leur système digestif. Cela arrive plus souvent chez les tout-petits bébés. À 6 mois, l’âge auquel il devrait commencer les aliments solides, cette cause est moins fréquente.

Les vomissements peuvent aussi être un symptôme d’allergie alimentaire. Si votre bébé vomit en mangeant un ou certains aliments en particulier, il faut en parler à son médecin afin de faire des tests et vérifier.

Il arrive que des bébés vomissent des aliments qu’on les force à manger, par exemple si vous l’obligez à manger un aliment qu’il n’aime pas, ou si vous le forcez à manger plus qu’il en a besoin. Ça devrait sonner une petite cloche et vous rappeler que vous n’avez pas à insister pour que votre enfant mange. Laissez-lui le temps de développer ses goûts et d’apprivoiser les nouveaux aliments. Et faites confiance à sa capacité naturelle à manger la quantité d’aliments qui répond à ses besoins.

Bébé a des haut-le-cœur

Si votre bébé a un haut-le-cœur en mangeant, c’est parce que son corps a le bon réflexe qui le protège des étouffements. Le réflexe nauséeux (gag reflex en anglais) survient quand les aliments avancent un peu trop loin sur sa langue en leur permettant de revenir vers l’avant. Puisque bébé manque encore de coordination et contrôle dans sa bouche, ce réflexe est particulièrement aiguisé. On l’observe chez bébé, qu’ils soient nourris aux purées ou selon les principes de l’alimentation autonome du nourrisson (baby led weaning). Si le réflexe nauséeux se produit constamment, il est judicieux d’en parler au médecin afin de vérifier les causes possibles.

Bébé ne mange presque pas

Vous vous demandez si votre enfant mange assez? Vous souhaitez tellement qu’il ne manque de rien! Votre bébé est capable de gérer les quantités d’aliments qu’il mange. Rappelez-vous : vous ne vous inquiétiez pas lorsqu’il buvait au sein. Pourquoi? Vous saviez qu’il demandait à boire lorsqu’il avait faim et qu’il cessait de boire lorsqu’il était rassasié. Alors dites-vous une chose : rien n’a changé.

Vous avez déjà entendu : « un bébé ne se laisse pas mourir de faim ». Eh bien, c’est généralement vrai. Un bébé en santé mange des quantités qui varient d’une journée à l’autre. Parfois beaucoup, parfois peu. C’est NORMAL. Si un bébé refuse systématique de manger, il faut trouver la cause : a-t-il des douleurs (reflux gastrique, par exemple)? Est-il inconfortable? L’aide d’une nutritionniste spécialisée en enfance est fort utile à cette étape.

Bébé refuse la cuillère

Certains bébés refusent la cuillère et les purées même après plusieurs jours d’essais. Que fait-on alors? Chose certaine, ne le forcez pas. Vous pouvez alors lui offrir autre chose que des purées. Il se peut que votre bébé préfère prendre lui-même des aliments avec ses petites mains et qu’il préfère les morceaux aux purées. Aucun problème! L’alimentation autonome du nourrisson est peut-être une méthode qui lui convient mieux. Voici des exemples d’aliments que vous pouvez lui offrir :

  • des morceaux de légumes cuits;
  • des morceaux de fruits mous;
  • des morceaux de viande très tendre, de poulet, de poisson bien cuits;
  • du tofu en morceaux ou râpé;
  • des légumineuses cuites ou en boîte (bien rincées);
  • des morceaux d’œufs cuits durs;
  • du fromage râpé;
  • des croûtes de pain ou du pain rôti (la mie de pain frais a tendance à former une pâte collante dans sa bouche, ce qui en fait un aliment à risque pour les étouffements);
  • des pâtes.

Dès 6 mois, bébé apprend à utiliser ses mains et porter des aliments - et bien d’autres objets! - à sa bouche. Vers l’âge de 9 à 12 mois, il apprendra à manier la cuillère, mais d’ici là, rien de vous empêche de lui laisser développer un peu son autonomie en le laissant manger seul et en l’aidant au besoin.

Lorsqu’on devient parent, on se pose mille et une nouvelles questions. Et on peut avoir mille et une nouvelles préoccupations. N’hésitez pas à en parler pour être rassuré. Il est possible que ce qui vous préoccupe exige une intervention (si les problèmes persistent ou que la croissance de votre bébé stagne, par exemple), mais souvent, la meilleure solution sera de laisser aller. « Let it go! ». Ce n’est pas que le titre d’une chanson!

 

Mise à jour le 11 mars 2022
Publiée originalement le 23 avril 2015

Naître et grandir

 

Photo : iStock/RuslanDashinsky

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