Penser à moi, le réflexe perdu

Penser à moi, le réflexe perdu
Quand on a des enfants, on perd quelques aspects de notre vie d’avant : l’intimité, dormir, manger chaud, etc. On perd aussi le réflexe de penser à soi.

On ne va pas se mentir, quand on a des enfants, on perd quelques aspects de notre vie d’avant : l’intimité, dormir, manger chaud, etc. On perd aussi le réflexe de penser à soi. Et j’ai vraiment compris cette perte il y a quelques semaines.

Les enfants étant partis en vacances chez leur grand-mère et ma blonde ayant prévu une journée au spa avec son amie, fallait que j’en profite, que je m’amuse, ordre de ma conjointe. Je n’avais donc qu’une seule tâche, cette journée-là : penser à moi.

La tâche s’est avérée un défi...

Dès les premiers signes du matin, les yeux presque plissés par la température qui faisait sa belle par la fenêtre de ma chambre, je pensais juste au fait que j’allais pouvoir tondre ma pelouse tranquille, sans enfants qui tournent autour, sans que j’arrête à tout bout de champ pour jouer le médiateur de chicane. Ma blonde m’a vite remis à l’ordre : « C’est pas vraiment penser à toi, ça! » Bon, fallait vraiment faire le gazon, donc je l’ai fait.

Mais après, je fais quoi?

Je me retrouve donc chez moi, seul, à tourner en rond, essayant d’éviter de croiser le linge sale des yeux, parce que c’est sous-entendu que je dois faire des trucs pour moi. J’suis perdu. Je n’ai plus ce réflexe…

Qu’est-ce que je faisais avant, coudonc? Du temps où je n’avais pas de maison à rénover, de gazon à couper, de mur à peinturer. Ce « bon vieux temps » où la vaisselle pouvait traîner quelques jours sur le comptoir sans trop déranger, où la planification de repas pour la semaine était un vague concept quasi mythologique.

Et je me suis souvenu. Rien. Je ne faisais rien, et je le faisais bien, sans remords. Sauf qu’il semblerait que je ne suis plus bon là-dedans. On dit que faire du vélo, ça ne se perd pas. Ben rien faire, ça se perd, faut croire!

Parce que depuis ce temps où je ne faisais rien, il s’est passé 5 ans. Et, Dieu merci, j’ai « maturé » et évolué pendant ces 5 années. Ce qui fait que celui que je suis maintenant ne tue plus son temps de la même façon.

Mais celui que je suis maintenant n’a jamais vraiment eu la chance de se retrouver seul, alors je ne sais même pas ce que j’aime faire quand je suis seul… vous me suivez. Ça frôle le pathétique, non?

Je dois me redécouvrir. Qu’est-ce que j’aime faire dans mes minces et rares temps libres maintenant?

Premier réflexe, aller dans le connu. Tel un adolescent, j’ai mangé du fast food dans ma voiture en allant m’acheter des jeux vidéo, prévoyant une soirée écrasé sur le divan. Mais en revenant à la maison, c’est plutôt l’envie de faire du ménage dans mon garage qui m’a pris. Ça faisait environ 5 ans que je n’avais pas eu une telle occasion, une obligation de faire ce qui me tentait vraiment, et j’ai fait du ménage.

À 22 h 30, les jeux achetés plus tôt étaient encore emballés. J’étais sale, mais satisfait de la gueule qu’avaient mes pneus accrochés au mur. À 23 h, j’étais dans la douche, la musique jouait fort, j’étais heureux et j’avais finalement ma réponse.

On dirait bien que le téléchargement du mode « père » est complété à 100 %...

 

29 août 2017

Naître et grandir

Photo : GettyImages/AntonioGuillem

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