Mes enfants et la publicité

Mes enfants et la publicité

Je suis à 4 pattes sur le plancher en train d’essayer de trouver par où les maudites fourmis entrent dans ma cuisine quand, soudain, mon fils surgi sans prévenir. Il tourne en rond autour de moi en chantant sans arrêt : « Des maisons, des maisons. Des maisons, y en a partout... », suivi de sa groupie de soeur qui répète inlassablement la même chose. L’air est joli et entraînant. Je lâche ma chasse aux insectes pour chanter de bon coeur avec eux. Quand je leur demande où ils ont entendu cette chanson, ma petite répond : « C’est dans la pu-bi-ci-té, maman. »

Il faut que je vous dise. Je regarde rarement la télévision. Le peu de fois où je le fais, je transforme les pauses publicitaires en pause-pipi et autres allons-voir-ailleurs-si-j’y-suis. Des fois, j’oublie même de revenir. C’est vous dire mon intérêt pour la chose. Mes enfants, c’est tout le contraire. Si je ne leur limitais pas l’accès au petit écran, ils finiraient momifiés devant, le corps desséché et les yeux rouges exorbités.

Résultat : cette mignonne pause publicitaire m’a mis la puce à l’oreille (en partie parce que mon fils est devenu obsédé à l’idée d’aller vivre dans une autre maison. Pourquoi se contenter d’une alors qu’il y en a partout!). Depuis, j’ai l’impression de vivre dans un téléroman rempli de placements média plus ou moins subtils dont je vous livre ici quelques extraits :

Mon petit bonhomme déboule surexcité dans la cuisine en voulant savoir ce qu’on fait le 6 juillet? Je réponds : « Aucune idée! Pourquoi, tu te maries? » Il se précipite sur le calendrier familial et gribouille je ne sais quoi en dessous de la fameuse date. Après traduction, j’apprends qu’il y a un super film qui sort cette journée-là, dans un cinéma près de chez nous et que la télévision lui a dit d’aller le voir.

En voulant sortir pour profiter d’un rayon de soleil, je trébuche (j’ai cru voir une fourmi) et rentre la tête la première dans la moustiquaire. J’en profite pour explorer mentalement le chapitre insultes libératrices de mon vocabulaire. C’est sans compter sur Monsieur Pub-Solution qui me lance aussitôt : « Tu savais, maman, qu’il existe des moustiquaires qui s’ouvrent toutes seules quand tu es devant? » Je réponds du tac au tac : « Merci. Ton père et moi sommes déjà trop occupés à chercher des maisons partout, partout. »

Mon homme entre dans la maison, un café à la main. Mon fils se lève pour l’embrasser : « Papa, est-ce que c’est le nouveau cappuféno, euh, cappuccino glacé choco-menthe de Tim Hor... » Je crie : « STOP! Ça suffit! Donne-moi la télécommande! »

J’installe mes enfants dans le salon pour leur expliquer en long en large et en travers le pourquoi du comment des publicités. À la fin de mon discours mémorable qui restera à jamais gravé dans leur mémoire (ma fille dort sur le sofa pendant que sa grande soeur adorée replace discrètement les piles dans la télécommande), mon fils qui ne m’a pas quittée des yeux, ou plutôt des cheveux, me dit : « Est-ce que tu en as un shampoing toi, maman? » Je touche ma tête machinalement. Quoi encore? Ils en parlent dans une publicité? Tu n’as rien écouté de ce que je t’ai dit? Je ne l’achèterai pas!

Il me répond : « T’as raison. La dame dit que ça vaut rien. »

« Mais non, intervient mon ado amusée, elle ne dit pas que ça ne vaut rien, elle dit, parce que vous le valez bien! »

(pause réflexion)

Mon fils : « Ça veut rien dire. Tu sais maman, je crois que la dame va pas en vendre beaucoup de son shampoing. »

Enchantée, je réplique : « Je crois que tu te trompes mon amour, mais si au moins tu réfléchis au lieu de gober tout ce que tu vois, c’est déjà ça de gagné! »

 

29 juin 2011

Naître et grandir

Partager