Pas facile de parler de la mort avec ses enfants

Pas facile de parler de la mort avec ses enfants
J’ai expliqué à mon fils comment on fait les bébés, sans trop hésiter. Où je pogne un noeud, c’est avec les concepts moins théoriques. Comme la mort…

J’suis pas du genre à me défiler dans la vie. J’suis même assez transparent. Quand mon gars m’a demandé comment on est fabriqués, nous les humains, je lui ai expliqué comment on fait les bébés, sans trop hésiter, je pense...

Où je pogne un noeud, c’est avec les concepts plus complexes, moins théoriques. Comme la mort… C’est déjà flou pour moi, alors comment l’expliquer à mes enfants?

Je me souviens d’une fois où mon plus vieux parlait de ma mort comme si de rien n’était, sans réellement comprendre le sujet. Lorsque je lui ai dit que quand je serai mort, on ne se verra plus, il est passé à deux doigts de craquer et d’éclater en sanglots.

J’ai rapidement compris qu’avant de pouvoir assimiler tout le principe, il fallait que je prépare le terrain. Je devais trouver un moyen d’écrire un prologue à cette longue explication que sera celle de la mort.

Je me suis dit que je pourrais commencer par la base, lui faire comprendre le côté éphémère de la vie. Deux poissons rouges et un aquarium à 49 $ plus tard, le plan était en branle; suffisait d’attendre que le temps fasse son oeuvre.

Avez-vous déjà vu ça des poissons rouges qui durent plus d’un an!? Moi qui pensais acheter une solution rapide… Cela dit, ils ont fini par mourir. Et j’ai pu expliquer à mon gars ce qui allait se passer avec ses poissons. On leur dit un dernier bye. Ça fonctionne un peu comme ça avec nous aussi, sauf que les humains, eux, on ne les flush pas.

On n’en a pas vraiment reparlé depuis. Il me parle de ses poissons parfois, mais pas de leur mort. J’imagine que c’est bon signe. Bon, le fait qu’on peut aller en acheter d’autres au coin de la rue doit sûrement aider un brin, mais je me dis qu’au moins, j’ai planté la graine du concept dans son esprit. J’ai ouvert une petite porte que j’utiliserai plus tard, quand on ne pourra pas racheter notre perte.

Mais avant la mort, il y a la vie

J’ai récemment eu à faire quelques démarches et examens médicaux, rien de majeur et tout était OK. Mais ces examens ont tout de même forcé mon imaginaire trop débordant et ma graine d’hypocondrie à m’imaginer des scénarios pas cool.

Il y en a qui n’ont pas peur de la mort. Pas moi. Surtout pas depuis que je suis père. J’ai pas peur de la mort « normale », celle qui arrivera(it) dans 60 ans, j’ai peur de mourir demain pis rater tout ce qui s’en vient. Même si des fois c’est rough, ça te fait sentir vivant d’avoir des enfants. Pis quand tu te sens vivant, tu ne veux pas que ça arrête. Je comprends mieux ceux qui, par exemple, sautent en parachute. C’est ça être parent, sauter en parachute. Épeurant, mais tripant en même temps. Et la chute dure pas mal plus longtemps.

C’est peut-être ça que j’aurais dû faire comprendre à mon gars, c’est ça le vrai prologue. Qu’un jour, papa ne sera plus là, mais pendant qu’on est là tous ensemble, c’est tripant. C’est ça l’important non? Oui, un jour ou l’autre, ça sera triste pis on pleurera rendu là.

Mais, en attendant, profitons donc de l’adrénaline que nous apporte la vie!

 

23 mai 2017

Naître et grandir

Photo : GettyImages/Ryan McVay

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