J’ai eu peur d’accoucher. Peur d’avoir mal. Peur de perdre mon bébé quand l’équipe médicale m’a amenée dans la salle d’opération pour une césarienne d’urgence. Ma cocotte avait tellement gigoté dans tous les sens pendant ma grossesse qu’elle était toute emmêlée dans son cordon! Et puis, la peur a disparu quand le son de sa voix a percé le silence dans la salle.
J’ai eu peur de devenir vulnérable en voyant mon bébé emmailloté dans sa couverture, comme si mon cœur vivait tout à coup à l’extérieur de moi-même. Et pourtant, avoir des enfants m’a rendue plus forte et plus ouverte que jamais.
J’ai eu peur que mon fils tombe de sa chaise, que ma fille se fasse enlever ou qu’elle se casse quelque chose. Elle ne s’est jamais rien cassée, mais un jour, elle a foncé dans une porte après avoir trébuché. Quand j’ai compris que les infirmiers cherchaient à savoir si j’étais à l’origine de sa blessure, j’ai eu peur d’aller en prison même si je n’avais rien fait.
J’ai eu peur que mes enfants ne fassent jamais leurs nuits et que je sois condamnée à vivre avec des insomniaques qui ont tout le temps soif ou qui sont pris d’une rage de bisous et de lecture dès qu’ils se couchent. Combien de fois j’ai eu peur de mon fils, planté dans la pénombre devant moi, immobile en plein milieu de la nuit, en train de murmurer un truc à propos d’un raton laveur qui vivait dans sa chambre! Aujourd’hui, c’est fini ou presque. Tout le monde dort bien et j’ai arrêté de rêver qu’il y avait un zombie qui me surveillait dans mon sommeil!
J’ai eu peur aussi que ma petite s’étouffe avec un raisin trop gros. Peur que mon fils ne parle pas normalement. Peur que mon couple se déchire au fil des années. Peur d’être une mauvaise maman...
Peur. Peur. Peur.
Pour rien.
Les peurs ne servent à rien sinon à vous ralentir et à vous empêcher de vivre. J’essaie de ne pas trop les écouter. Je laisse mes enfants explorer, expérimenter et se tromper (en leur disant d’être prudent quand même!). Oui, ils tombent parfois, mais ils se relèvent toujours. Quand ils font des bêtises, ils les réparent. Comment pourraient-ils s’améliorer autrement? Je leur dis « allez-y, essayez! », sans jamais les rabaisser. Le résultat est magique : leur confiance en eux a décuplé. Je ne leur dis pas qu’ils sont les meilleurs, je leur dis juste d’oser et que si ça ne marche pas, ce n’est pas grave. On essaiera de comprendre ensemble pourquoi pour mieux faire la prochaine fois. Je veux leur offrir le courage et la persévérance en cadeau. Pas question de laisser leurs peurs, ni les miennes les enfermer dans une petite boîte stérilisée!
15 octobre 2014