«Non, moi toute seule!»

«Non, moi toute seule!»
Par Dr Nicolas Chevrier, Psychologue
L’apprentissage de l’autonomie est essentiel au développement des tout-petits. Cela se fait à coup d’essais, d’erreurs, de pleurs et de réussites.

La vie familiale est pleine de moments forts et heureux qui nous font grandir, et dont on se souviendra toute notre vie. Cependant, ces moments surviennent rarement les matins de semaine où c’est plutôt souvent la course.

Pour quitter la maison à l’heure prévue, il y a un nombre d’actions inévitables à poser : brosser les dents, s’habiller, ranger son assiette, etc. Pour ma fille Leeloo, cette routine était parfois plus difficile à suivre, surtout vers 3 ans, période où elle souhaitait faire presque tout, toute seule.

Je pense entre autres aux chaussures. Par manque de temps, je voulais souvent lui mettre ses chaussures moi-même, ce qu’elle détestait. Cette étape se terminait souvent en pleurs parce qu’on devait partir et qu’elle n’avait pas pu mettre ses chaussures toute seule.

- « Je suis capable! », me disait-elle, inconsolable.

Pas un caprice...

Ce que j’ai d’abord perçu comme un caprice était en fait une manifestation saine d’un besoin fondamental de l’enfant, la quête de l’autonomie. Ce besoin est très important pour le développement de l’enfant et particulièrement pour son estime de soi. Aussi, ces comportements doivent être encadrés avec soin.

Avant tout, il faut protéger notre enfant de lui-même quand son besoin d’autonomie se manifeste. Ces apprentissages doivent se faire en toute sécurité, car c’est souvent ce besoin qui pousse notre enfant à faire toutes sortes d’erreurs qui pourraient être dangereuses.

Je vous cite en rafale des exemples vécus à la maison : monter sur une chaise pour avoir accès à l’armoire de verres en vitre afin d’aider papa à mettre la table, emboutir avec un panier une pyramide de bouteilles de bière pleines au supermarché et, en finale, tenter de se maquiller comme maman avec un flacon de vernis à ongles rouge!

« Être capable » à 3 ans a des limites et c’est au parent de les déterminer. Dire non quand notre enfant nous demande de lui lâcher la main dans le stationnement de l’épicerie, c’est sain et c’est surtout sécuritaire.

En même temps, on ne doit pas surprotéger notre enfant. Il doit aussi vivre des déceptions, des échecs et même de la douleur afin d’être capable de surmonter des événements difficiles au cours de sa vie.

Accepter de moins contrôler

Bien comprendre le besoin d’autonomie de notre enfant nous permet de mieux intervenir et de mieux répondre à ses demandes. Comme parent, il est important de se rappeler que le développement de l’autonomie demande un lent transfert de contrôle vers l’enfant. Il y a donc des choses que, comme parent, nous contrôlons de moins en moins, et ces mêmes choses seront de plus en plus contrôlées par notre enfant. En conséquence, ce transfert sera plus difficile dans les situations où le besoin de contrôle du parent est le plus grand, comme quand je dois quitter la maison à 8h le matin.

En fait, la meilleure solution pour faciliter nos matinées, c’était de laisser le temps qu’il fallait à Leeloo pour s’habiller et mettre ses chaussures. Ce n’était pas toujours possible, mais lorsque les conditions étaient présentes, j’essayais de laisser son désir d’autonomie se manifester.

Découvrez d’autres stratégies afin d’accompagner votre enfant dans sa recherche d’autonomie dans notre fiche La quête de l’autonomie.

 

Mise à jour le 5 mai 2022
Publiée originalement le 18 février 2015

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/yaoinlove

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