Mon fils est assis à la table de la cuisine en train de dessiner un gros coeur sur une feuille.
- Émue, je dis : « C’est pour moi? »
- « Non, c’est pour mon amoureuse. »
- « Marianne? »
- « Wouach. Non. C’est fini. »
- « Ah oui, c’est vrai! C’est Léa d’abord. »
- « Nooon! Elle aime Félix maintenant. C’est pour Mathilde. Elle a dit je t’aime, alors j’ai dit, moi aussi, on s’est couru après et maintenant chut! Je veux pas rater mon dessin pour ma femme! »
Je manque de m’étouffer. Son père me fait un clin d’oeil et m’entraîne dans le salon. En le voyant chercher la télécommande de la télé, je lui dis que ce serait sympa de se faire plaisir à nous aussi. Alors, je demande : « Toi, ce serait quoi? »
Il me répond : « Pas grand-chose… juste une petite escapade avec toi, en tête-à-tête sur une piste enneigée, suivie d’un bon souper et d’une folle nuit d’amour... ou juste une folle nuit d’amour si jamais on manque de temps! »
- « Dans mon dictionnaire à moi, on appelle ça une possible réalité si, bien sûr, on arrive à faire garder les enfants et à trouver l’endroit où ils ont caché la clé de notre chambre! »
- « Et toi, dit-il à son tour, qu’est-ce qui te ferait plaisir? »
Je souris malicieusement : « Laisser mon mascara dans le fond du tiroir et oublier les miroirs. Mettre une culotte hyper large et ultra-confortable au lieu d’une ficelle ridicule. Enfiler un grand pyjama avec des nounours dessus pour cacher mes poignées d’amour et mes grandes jambes poilues qui me tiennent chaud. Oublier de me laver les dents. Arrêter de me coiffer. Faire des bulles avec ma bouche en dormant et me réveiller au son de ta voix qui me dit : maudit que t’es belle! »
Mon homme se marre et me répond du tac au tac : « Dans mon dictionnaire à moi, on appelle ça un fantasme impossible! »
14 février 2011