Mets interdit

Mets interdit

Je crie : « J’ai besoin d’aide! »

Personne ne répond. Personne ne bouge. Pas de pas d’éléphant qui dévalent l’escalier, ni de bousculades pour voler à mon secours. J’ai dû rêver mes 3 grossesses et l’homme de ma vie. Je suis seule au milieu de ma cuisine vide avec un énorme bouquet de brocoli dans une main et un gros couteau dans l’autre. J’essaie de me concentrer sur les 5 lettres qui composent le mot SANTÉ pour éviter de penser aux chips que j’ai aperçues tout à l’heure en ouvrant mon garde-manger pour prendre de l’huile d’olive.

Mission impossible. Je suis absolument incapable d’oublier ces pétales dorés qui m’ont fait de l’oeil derrière la porte. Seule une diversion familiale a le pouvoir suprême de me remettre dans le droit chemin. Du bruit, des mots, des rires ou des pleurs. N’importe quoi pourvu que ça ressemble à un enfant à qui je peux dire : des bonbons avant le souper? Nooooon, pas question!  Des chips au fromage? Quel outrage! Zéro cochonnerie mes chéris.

Monsieur Patate et ses petites soeurs dansent dans ma tête.

Je jette un nouveau cri à la mer. En vain.

C’est officiel, le fabricant a intégré une image subliminale sur ce maudit paquet qui active un système d’alarme dans mon cerveau. Je pense à Stéphanie Coté et à toutes les nutritionnistes de la terre. Je ferme les yeux en marmonnant : santé, santé, santé. J’épèle même le mot pour faire diversion. S comme… Salsa!
J’ouvre le frigo. Je sors le pot de salsa. Je me précipite dans le garde-manger pour sortir le paq…

Mon fils arrive en courant dans la cuisine, suivi de Roger-Bob, sa petite soeur (qui s’est rebaptisée ainsi depuis 4 jours). Je troque mon paquet pour un oignon.

- Pourquoi tu cries maman?
- Z’ai faim. On manze quoi? enchaîne gaiement le petit Roger.
- Du poisson avec une bonne purée de brocoli.
- Beurk. C’est pas bon le poisson.
- Mais c’est bon pour la santé!
- C’est pas bon la santé, crie mon fils hilare avant de disparaître de ma vue.

J’ouvre mon garde-manger pour ranger mon oignon.

Je vais en manger juste une... pour arrêter d’y penser. Je choisis la plus grosse et la plus dorée. Elle craque dans ma bouche et s’éparpille dans mes papilles. Un vrai délice!

Qu’est-ce que je disais déjà dans mon dernier billet? Dis-moi ce que tu fais, je te dirai qui tu es. Eh bien, 46 chips plus tard et un bon petit rot, je vous dirai que je suis Maman Jekyll et Miss Patate!

 

17 novembre 2010

Naître et grandir

Partager