Mauvaise punition

Mauvaise punition

Prise dans le feu de l’action ou emmêlée dans ma fatigue, il m’arrive parfois de m’énerver pour rien et de punir mes enfants alors qu’une bonne discussion aurait mieux fait l’affaire.

Hier, par exemple, j’étais sur le point de sortir avec mes enfants, lorsque mon fils a surgi torse nu à la recherche d’un chandail à manches longues. Comme il est assez grand pour se débrouiller tout seul et que j’étais déjà en train de chercher désespérément la deuxième botte de sa soeur, je lui ai dit qu’il en trouverait un en ouvrant le premier tiroir de son armoire.

Le temps qu’il descende les escaliers pour rejoindre sa chambre, le mot  « tiroir » avait subitement disparu de sa tête; probablement détruit à coups de laser par je ne sais quel monstre intergalactique qui vit dans sa tête. Deux minutes plus tard, il était donc de nouveau torse nu devant moi, pendant que je continuais à chercher la botte de Cendrillon, à quatre pattes dans le salon.

- J’ai pas trouvé maman. T’as dis quoi déjà?

-  J’ai dit 2 mots : PREMIER et TIROIR. Et là, j’en ajoute un troisième : Accélère! On va être en retard mon chéri. Tu ne te souviens pas? Hier soir, j’en ai rangé toute une pile devant toi!

À voir l’expression vide de son regard, j’ai vite compris que mon geste lui était passé 2 000 mètres au-dessus de la tête, trop concentré qu’il était à diriger un combat acharné entre un dragon enragé et un chevalier sans tête (merci Canaille!).

Histoire d’exercer un peu de pression sur sa mémoire,  j’ai ajouté, agacée : « Je te préviens, si tu remontes encore sans chandail, je confisque tes bonbons d’Halloween pendant une semaine! »

Ma fille, subitement paniquée, a disparu aussitôt pour revenir miraculeusement avec sa botte dans la main! Après avoir fini de l’habiller et de m’habiller moi-même, j’ai entendu une petite voix murmurer derrière moi.

- Mamaaaaaaaan, tu veux bien venir m’aider. Je trouve vraiment pas.

Énervée, je suis descendue dans sa chambre. J’ai ouvert le fameux tiroir pour en sortir aussitôt un beau grand chandail à manches longues.

Mon fils s’est exclamé : « Ah Okééééé! C’était là! J’avais pas compris! »

- Il y a un seul meuble avec des tiroirs dans ta chambre, alors quand je dis « tiroir », je ne dis pas « étagère ». Pour la peine, tu seras privé de télé. Ça t’apprendra à ne pas m’écouter.

-  T’avais dit pas de bonbon!

Déstabilisée, je lui ai répondu : « Euh. Oui, c’est vrai. Je veux dire pas de télé et pas de bonbons non plus pendant une semaine! Confisqués! Voilà. La prochaine fois, tu écouteras ce que je te dis! Allez file dans l’auto. »

Si nous étions dans un épisode de Calimero, c’est à ce moment précis que le pauvre poussin prendrait son air triste en disant sa célèbre phrase : « Alors ça, c’est injuste, c’est vraiment trop injuste! »

Évidemment, toute la journée, j’ai repensé à cette double punition complètement aberrante. Je me suis donc empressée de parler à mon fils dès son retour en reconnaissant que, cette fois-ci, j’avais été beaucoup trop sévère. Après tout, il m’avait juste demandé de l’aide. J’étais juste trop énervée pour avoir les idées claires. Visiblement soulagé, il m’a souri.

Après un léger silence, il a glissé la main dans sa poche pour en sortir... une poignée de bonbons!

Tout en se gavant de sucreries, on a essayé de trouver ensemble des trucs pour qu’il soit prêt le matin et éviter ainsi que je m’énerve.

 

10 novembre 2012

Naître et grandir

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