Les nouvelles mères devraient parler plus ouvertement de l’anxiété qu’elles vivent.Il est normal qu’une nouvelle maman ressente de l’anxiété parfois, mais lorsque celle-ci nuit à la vie de tous les jours, on parle alors de troubles anxieux. Et ce problème de santé mentale serait plus répandu chez les mères que la dépression post-partum, selon une étude canadienne.
L’anxiété toucherait environ 3 fois plus de mères en période post-partum que la dépression, selon les résultats de l’étude menée auprès de 310 femmes, de 6 à 8 semaines après la naissance de leur enfant.
Les sources d’anxiété sont nombreuses chez les nouvelles mères. Tout ce qu’une mère peut lire sur les réseaux sociaux, par exemple, ou entendre d’un professionnel de la santé concernant la santé de son bébé risque d’augmenter son anxiété.
« Elles s’inquiètent de leurs compétences en tant que mère et de ce qui pourrait arriver à leur bébé. Elles se sentent facilement coupables de faire ou de ne pas faire quelque chose », explique Nathalie Parent, psychologue et auteure.
L’importance de dépister et d’en parler
Malheureusement, le milieu de la santé se concentrerait davantage sur le dépistage de la dépression que sur celui des troubles anxieux, soulignent les chercheurs de l’étude. Cela ferait en sorte que les femmes qui souffrent de troubles anxieux ne reçoivent peut-être pas le dépistage et le traitement dont elles ont besoin.
De plus, les mères sont souvent réticentes à parler de leurs problèmes d’anxiété. Il est donc important de sensibiliser les nouvelles mères, leur partenaire et les professionnels de la santé aux troubles anxieux. Les médecins devraient en particulier dépister plus systématiquement les troubles anxieux, de la même façon qu’ils le font pour la dépression.
« Cela ne signifie pas de prescrire systématiquement des médicaments, mais plutôt d’amener la mère à parler de ce qu’elle vit et de ce qu’elle ressent », souligne Nathalie Parent.
D’ailleurs, selon la psychologue, lorsqu’une mère fait quelques séances de thérapie, toute la famille s’en porte mieux, car l’anxiété travaillée en thérapie ne sera pas projetée sur les enfants. L’anxiété non traitée chez une mère peut en effet nuire aux interactions entre elle et son bébé. Cela peut alors affecter l’attachement. Par ailleurs, les mères anxieuses sont plus à risque de souffrir ensuite de dépression.
Comment gérer son anxiété au quotidien?
Au quotidien, Nathalie Parent suggère aux nouvelles mères les quelques gestes suivants pour mieux gérer leur anxiété :
- demander l’aide des proches, autant pour les tâches du quotidien que pour les soins du bébé;
- oser parler des émotions vécues et rencontrer des personnes qui vivent quelque chose de similaire pour briser l’isolement;
- faire des exercices de détente et de relaxation;
- faire des activités sans son bébé;
- ne pas se mettre de la pression pour retrouver le corps d’avant la grossesse;
- vivre le plus possible le moment présent;
- éviter de passer trop de temps à faire des recherches sur le web et sur les réseaux sociaux.
Surtout, il faut accepter de parler de la maternité et des troubles de santé mentale. « La nouvelle maman a une image idéalisée de la maternité et elle veut y correspondre, remarque Nathalie Parent. Cela l’empêche de voir qu’elle peut vivre une certaine souffrance aussi ou l’amener à passer à côté du bonheur qu’elle peut ressentir intérieurement au moment présent. Malheureusement, même la société n’ose pas en parler alors que prendre soin de ce que vit intérieurement la maman va l’aider à prendre soin de son bébé… »
Mise à jour le 31 mai 2023
Publiée originalement le 18 août 2016
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