Les feuilles commencent déjà à rougir. Ça sent la fin d’un été qui vient à peine d’arriver. Cela n’a pas empêché ma mère et mon petit homme de passer fièrement devant moi, il y a 10 minutes, direction le lac pour une ultime baignade. Certains regardent l’été s’envoler avec les feuilles tandis que d’autres plongent dans l’eau froide pour le prolonger. Chacun son truc! Ils ont nagé serrés l’un contre l’autre pour se donner du courage et se donner l’illusion d’un quelconque réchauffement. C’était mignon de les voir ainsi clapoter ensemble.
Maintenant, ils sont assis tous les deux au bout du quai. Les pieds dans l’eau. J’entends à peine le son de leur voix. Ils parlent des nuages. Ils les montrent du doigt en traçant des lignes dans le vide pour mieux se montrer les merveilles qu’ils y voient : « Regarde Mamie, on dirait un crabe! » s’écrie soudain mon garçon; et ma maman de lui répondre aussitôt : « Mais qu’il est gros! » et de renchérir : « Là! Regarde mon chéri. Celui-là ressemble à un oiseau. »
- « Ah bon! Ze vois rien. »
Émue, je pense à ce lien unique et indéfinissable qui renaît à chaque nouvelle rencontre entre ces deux êtres-là. Au coin d’un rire, d’une histoire racontée ou d’une peine consolée, ils se découvrent un peu plus à mesure que l’un vieillit et que l’autre grandit. Entre eux pas de ruban, de papier-cadeau ou de froid billet glissé dans une enveloppe. Leur bonheur est ailleurs... quelque part dans les nuages.
J’entends alors ma mère qui s’exclame :
- « Regarde là haut! La lune est sortie. Elle est toute ronde! »
Mon fils reste silencieux, puis après quelques minutes, il glisse sa petite main dans celle de ma maman et lui dit :
- « Mamie? »
- « Oui mon chéri? »
- « Tu sais, ze t’aime zusqu’à la lune. »
9 septembre 2009