Le sport: le plaisir avant tout!

Le sport: le plaisir avant tout!
Par Dr Nicolas Chevrier, Psychologue
 Le plus grand bonheur de l’hiver est certainement la semaine de relâche. Quel plaisir à passer des journées complètes dehors à faire du ski, du patin, de la raquette ou de la glissade, et tout cela en famille! Pour nous, le sport est synonyme de plaisir, mais je me demande si, en cet hiver olympique, plusieurs ne le voient pas plutôt sous l’angle de la performance avant tout, comme si derrière chaque enfant pouvait se cacher un futur athlète...

J’ai eu cette impression lors d’une récente sortie de ski avec ma petite Leeloo âgée de 2 ans. Je savais bien que de voir un enfant de cet âge sur des skis (adaptés à sa taille) allaient provoquer des réactions, mais j’ai été quand même surpris par les propos des gens. Tout de suite, on m’a apostrophé :

- Ho, wow! Regardez la future championne de ski.

- Bientôt à Sotchi ma belle ?

- Une championne en puissance ?

Bien que ces commentaires étaient en soi inoffensifs, ça m’a fait réfléchir sur notre conception du sport. Comment en tant qu’adulte percevons-nous le sport? Sous l’angle du plaisir ou de la performance? Quelle image envoyons-nous à nos petits sportifs en herbe? Qu’ils doivent être les meilleurs? Toujours donner leur 110 %? Leur enseignons-nous suffisamment la notion de plaisir?

Pour ma part, je ne veux pas que ma fille devienne championne de ski, je ne veux pas qu’elle aille aux Jeux d’hiver en 2026. Je veux seulement qu’elle apprenne à profiter de l’hiver!

Dans les nombreuses activités physiques, les enfants développent plusieurs habiletés qui feront d’eux de meilleurs adultes : la discipline, l’humilité, la détermination, l’esprit d’équipe, la communication, la persévérance, l’abnégation, etc. C’est probablement pour le développement de ces habiletés qu’il vaut la peine de consacrer du temps de nos précieuses fin de semaine à ces activités.

En fait, je crois que ce qui m’a fait réagir dans les commentaires des  skieurs, c’est qu’ils aient l’impression que je suis une version masculine de la « tiger mom », soit un « tiger dad ».  Ce qui est faux, car le modèle d’éducation que je préconise n’a pas comme objectif de produire des individus capables d’exceller, mais bien des individus capables d’être heureux.

J’avais prévu faire 2 heures de descente avec Leeloo ce matin-là, question de bien l’aider à développer sa glisse. Eh bien, après sa troisième descente, elle a vu son grand-père qui faisait une visite surprise.

À ce moment, elle m’a dit : « C’est fini le Se-ki! » C’est ainsi qu’on s’est arrêtés, après 3 descentes. J’ai mis en application ma théorie, soit mettre de côté la performance et être capable de simplement profiter de la compagnie de ceux qu’on aime.

 

11 mars 2014

Naître et grandir

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