Le Noël parfait n’existe pas!

Le Noël parfait n’existe pas!
Par Dr Nicolas Chevrier, Psychologue

Revoici le temps des fêtes. Je vous avoue que pour moi, c’est tout positif! J’ai toujours adoré, étant enfant, ces moments de fête et de plaisir. Je me souviens de la joie de quitter l’école le dernier jour avant le congé. Je me souviens également de l’effervescence et de l’excitation que j’éprouvais avant d’aller chez mon grand-père le 24 décembre, la difficulté de m’endormir vers 19 h et la joie d’être réveillé par mes parents vers 23 h pour aller retrouver la famille élargie. Ce sont tous de très bons souvenirs.

Mais parfois, ces bons souvenirs peuvent nous jouer des tours. Vouloir reproduire exactement ces moments peut nous amener à vivre beaucoup de stress. Comme parent, il importe de bien moduler nos attentes dans ces situations. Le perfectionnisme ne prend pas de vacances durant le temps des fêtes, au contraire, il ne chôme pas! Aussi, certains d’entre nous vont se fixer des attentes irréalistes vis-à-vis du déroulement des fêtes de fin d’année.

J’ai un très bon exemple d’attentes irréalistes. À Noël, c’est très important pour moi d’avoir de belles photos de la soirée. Je m’attends donc à ce que mes enfants soient toujours prêts pour faire de belles photos. On pourrait dire que c’est une attente irréaliste en ce qui concerne mes garçons. J’ai un enfant atteint de grimacite aiguë, trouble du comportement commun chez la famille Chevrier (sa marraine en est également atteinte) qui consiste en une incapacité à faire autre chose qu’une grimace lorsqu’on prend une photo. Mon autre garçon, lui, souffre d’échappite alimentaire (incapacité chronique à transporter le contenu de son assiette vers sa bouche sans en échapper la moitié sur lui).

Aussi, pour atteindre cet objectif irréaliste, je vais devoir mettre en place de nombreux comportements de contrôle : avoir avec moi plusieurs habits de rechange, demander à mon fils de prendre place près de moi à la table afin de le talonner quand il mange son ragoût de boulettes, utiliser la colère comme moyen pour reprendre le contrôle quand je demande pour la 4e photo d’arrêter les grimaces… Tous des moyens plus ou moins efficaces pour combler une attente irréaliste.

Or avec le temps, j’ai appris. Si je change mon attente et que j’enlève un peu de sa rigidité, j’aurai certainement moins de comportements de contrôle et, par le fait même, je vivrai moins de stress. Plutôt que de m’attendre à n’avoir que de belles photos de ma soirée, je m’attendrai à avoir quelques belles photos de notre soirée.

Au fil des ans, j’ai développé des stratégies simples. Quand on arrive dans la famille, on prend immédiatement une belle photo de groupe (quand tout le monde est propre!). Si je vois que mon grimaceux est en action, je demande une belle grimace à tous pour la première photo. La seconde photo (ou parfois la troisième) sera probablement la bonne puisque le fait de demander la grimace a souvent pour effet de neutraliser l’envie d’en faire d’autres…

Avec cette technique, j’ai pu satisfaire mon attente d’avoir quelques belles photos assez rapidement dans la soirée. Ça me permet donc de passer à autre chose, de laisser tomber les comportements de contrôle et, par ricochet, le stress et la frustration. En bonus, j’ai souvent de très belles photos de la soirée, car la grimace est souvent remplacée par une surprise sincère quand l’un reçoit un cadeau apprécié ou une absence de tache sur la chemise de l’autre lorsque celle-ci est plus foncée… Ce qui fait qu’en fin de compte, le résultat final de la situation où l’attente est plus réaliste dépasse souvent le résultat de l’attente irréaliste!

Alors, si le temps des fêtes a tendance à vous stresser, posez-vous la question : est-ce que mes attentes sont trop élevées? Si oui, alors tentez de reformuler cette attente afin qu’elle soit plus réaliste. Ainsi, un « je ne veux pas avoir crise de larmes à Noël » devient un « je sais qu’il y a souvent des crises de larmes lors de réunion de famille, mais s’il y en a, j’espère qu’elles vont se résorber facilement ».

Aussi, si certaines attentes vous semblent difficiles à ajuster, n’hésitez pas à me les exprimer dans la section commentaires. Je vais tenter d’y répondre avant le 21 décembre, car après cette date, je réserve tout mon temps pour la famille… et le couple bien sûr!

 

17 décembre 2012

Naître et grandir

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