Lâcher prise

Lâcher prise

Il pleut, il pleut, il pleut. Un peu, beaucoup, passionnément et plus du tout! Enfin! Le soleil pointe le bout de son nez. Juste assez pour remplacer la soupe boueuse aux herbes concoctée par mes enfants dans leur piscine gonflable, par une eau pure et fraîche dans laquelle ils pourront clapoter de bonheur.

— « Beurk, c’est dégueu, moi, je rentre pas là-dedans, il y a encore une limace dans le fond », lance ma plus vieille.
— « C’est kro froid l’eau, maman! Moi ze veux rentrer dans la maison », glaglate mon petit homme. Ma petite babille je ne sais quoi en agitant ses lèvres… bleues!

Je suis debout, au milieu du jardin avec trois bougons gelés qui frissonnent... et la pluie qui recommence à tomber sournoisement. Mes enfants se précipitent aussitôt vers la maison en criant TÉLÉ et moi VALISE! J’ai l’impression d’être au Costa-Rica en pleine saison des pluies, sauf que là-bas, au moins, il fait chaud. Ici on gèle! Je décide d’emporter mes grenouilles vers le sud, mais un peu moins loin direction Cape Cod. Depuis le temps qu’on me parle de cet endroit magique et de ses grandes plages ensoleillées, il est temps d’en profiter. Je nous offre 5 jours d’été. C’est mieux que rien. Les enfants sont aux anges et moi je file vers mes bagages.

Deux jours plus tard (je suis un peu lente!), on décolle, sous la pluie évidemment! M’en fiche. La route est belle. Tout le monde est heureux. On chante des chansons, on s’arrête tous les 200 km pour vider les vessies et les couches des uns ou dégourdir les jambes des autres. Une fois la frontière passée, le ciel devient bleu. Après 7 h d’asphalte et de « c’est encore loiiiiiiiiiiiiin? », « mon toutou est tombé » et autre « ouinnnnnnn! », on atterrit dans un joli camping délicieusement chaud, humide et rempli de moustiques et d’araignées énormes! Pour couronner le tout, la pluie commence à tomber. On a dû rater la pancarte qui indiquait : « Welcome Costa-Rica »! Je suis déçue pour tout le monde, mais bizarrement tout le monde s’en fout! Enveloppé dans son imperméable, mon homme sifflote de joie en triant les affaires de camping pendant que mes plus vieux rient aux éclats sous la tente en se lançant leurs sacs de couchage dans le visage. On soupe dehors entre deux averses et hop! Direction dodo. Demain, il fera beau.

Le lendemain matin est sec malgré les nuages menaçants. Peu importe, aucune goutte ne nous empêchera de mettre les pieds dans l’eau : on file à la plage.

Quelle plage! Waouh! Immense. Magnifique. Sauvage. Quasiment déserte, sans doute à cause de ce vent violent qui balaie tout sur son passage, les dunes, les chapeaux, la chaleur et l’envie de se baigner! C’est infernal, on gèle. Ma grande me crie : « On se croirait en Normandie! ». Au loin, je vois mon garçon lutter pour avancer. J’ai peur qu’il s’envole! En osant glisser un pied dans l’eau, je me ratatine dans mon chandail. C’est glacial!

Mon homme file avec la petite vers l’auto, suivi des deux grands. Énervée, à l’idée de partir si vite, je jette un dernier regard vers l’océan déchaîné avant de les rejoindre. Alertée par des cris, je me retourne et les vois passer devant moi en courant, sourires au vent, vêtus d’un simple costume de bain! J’hallucine.

Je suis debout, gelée au milieu de la plage, avec quatre fous qui se baignent en riant dans l’eau froide. En observant leurs éclaboussures de bonheur, j’en oublie mes angoisses hypothermiques et mon envie de les rhabiller. À la place, je lève les bras en criant : « Vive les vacances! »

 

12 août 2009

Naître et grandir

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