C'est la faute à Léonard

C'est la faute à Léonard
Par Josée Bournival, Auteure, animatrice et blogueuse
Le garçon de Josée Bournival est un as des bêtises. Mais Josée ne croit pas qu’il soit coupable cette fois-ci…

Une marre de colle blanche liquide s’égoutte paresseusement du dessus de la table vers la chaise, et finalement sur le plancher. Sur son parcours, elle enjambe des morceaux de carton et quelques crayons.

Un véritable désastre artistique. Je jette un œil à la bouteille de colle flambant neuve : elle est à moitié vide.

Je ne touche à rien. Je ne me précipite pas pour ramasser avant que tout fige ainsi. J’appelle simplement les enfants.

- Qui a utilisé la colle liquide?

Ils sont muets comme des carpes. Parfois, je surprends un échange de regards furtifs.

Un peu plus tôt, c’est Clémentine qui a demandé la colle. Est-elle responsable?

- Je l’avais bien rangée, maman.

Ce dont je doute…

- Qui d’autre l’a utilisée après toi?

Les deux plus petites se regardent et finissent par admettre qu’elles ont collé des morceaux de carton sur la grande fresque commencée ce matin pour l’Halloween.

- Est-ce qu’une de vous deux a fait un dégât sans faire exprès?

J’utilise un ton mielleux. Habituellement, c’est suffisant pour que le coupable admette sa responsabilité. Avec sourire et douceur, les enfants comprennent que je ne vais pas les gronder malgré leur bêtise.

Pourtant, cette fois, personne ne veut porter le chapeau. Je sais bien que l’idée de ramasser cette colle gluante ne les enchante pas. Et c’est évidemment ce qui attend le responsable.

- C’est sûrement Léonard, conclut Clémentine appuyée par ses sœurs.

Je me tourne vers mon bébé qui me lance un sourire naïf. Mon garçonnet est dégourdi. C’est un as des bêtises. Mais je ne crois pas une seconde qu’il est coupable ce matin. Dévisser le bouchon de la colle demande beaucoup de force. Et si les filles ont vraiment rangé la bouteille comme elles l’affirment, la colle aurait été hors de portée pour fiston.

Ici, tout est la faute du plus jeune. Il est facile de l’accuser : il ne peut pas vraiment se défendre. Quelque chose disparaît : c’est la faute à Léonard! Je retrouve un jouet abimé : c’est Léonard qui l’a brisé! Quelqu’un a oublié de tirer la chasse après son numéro deux : c’est Léonard le coupable! (Je vous rappelle qu’il n’a pas encore 2 ans et qu’il porte des couches…)

Finalement, je comprends pourquoi les filles aimeraient qu’on aille un nouveau bébé à la maison…

 

18 octobre 2017

Naître et grandir

Photos : GettyImages/klosfoto et Mypurgatoryyears

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