Énigme lumineuse

Énigme lumineuse

Au-dessus de mon lit, il y a un petit tableau noir sur lequel est écrit à la craie : « Les enfants sont des énigmes lumineuses. » Je m’endors et je me réveille tous les jours avec cette phrase qui est, à mon humble avis, l’une des plus jolies que je connaisse.

Elle me trottait beaucoup dans la tête ces derniers temps, à cause d’un petit garçon que je croise souvent en allant déposer ma fille en vélo à la garderie. C’est un petit bonhomme un peu gris qui ne sourit jamais et qui court se cacher dès qu’un passant le regarde d’un peu trop près. Il joue toujours seul devant chez lui. Je le vois parfois faire des tours avec des cailloux, frapper dans son ballon trop mou ou jouer avec des bâtons; mais, le plus souvent, il reste assis sur les marches de son perron à regarder les voitures circuler. Je crois qu’il aime bien nous voir passer. Les gens ne marchent pas beaucoup dans mon coin et je dois être l’une des rares personnes dans le quartier à circuler en vélo. Ça humanise un peu le décor.

La première fois que ma cocotte l’a vu, elle lui a crié : « BonZour ti gasson! » Pas de réponse. Elle a recommencé le lendemain, mais comme il restait muet, et qu’elle est très à cheval sur la politesse (voir mon dernier billet!), elle s’est fâchée et lui a crié : « T’es pas ZENTIL! » J’ai arrêté ma bicyclette et je lui ai expliqué assez fort (pour être entendu de loin) qu’il avait sûrement une bonne raison de ne pas répondre. Il avait peut-être un gros chat caché dans sa gorge qui l’empêchait de parler ou bien il était peut-être juste très, très gêné de nous parler parce qu’il ne nous connaissait pas. Je lui ai dit qu’on allait donc continuer à lui dire bonjour, parce qu’on aimait bien le voir. Elle a répondu « d’accord! ». On a donc continuer de lui envoyer notre petit rayon de soleil sonore, sans rien attendre en retour.

Il y a 3 jours, comme d’habitude, ma fille l’a salué et, comme d’habitude, il n’a pas répondu. Mais j’ai aperçu quelque chose dans sa main. Avant de disparaître de sa vue, j’ai dit tout haut en souriant : « Elles sont très jolies tes fleurs! »

Le lendemain, en passant devant chez lui, j’ai vu sur le bord de la route, un verre en plastique dans lequel flottait un énorme bouquet de pissenlits. J’ai arrêté ma bicyclette. Je l’ai pris dans mes mains et j’ai regardé en direction de sa maison. Il était là debout près de l’arbre. Il n’a rien dit, mais pour la première fois, il m’a salué de la main en m’offrant le plus incroyable des sourires.

Un sourire lumineux qui m’a fait chaud au coeur.

 

25 juin 2010

Naître et grandir

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