Acceptez-vous d’être humain aux yeux de vos enfants? Ou préférez-vous leur offrir un modèle parental fort et inébranlable?Je regarde ma boîte de courriels. Elle déborde. Mon précédent billet, sur le thème de la dépression, a fait couler beaucoup d’encre. Il n’y a que la pointe de l’iceberg qui est visible sur le blogue de Naître et grandir. Le reste est caché… dans ma boîte de courriels personnelle ou dans Messenger. Je ne compte plus le nombre de messages privés qu’on m’a fait parvenir.
Je vais tous vous lire. Je vais tous vous répondre. Mais je n’ai pas l’énergie pour absorber vos confidences en une seule bouchée. C’est trop d’amour pour mon cœur sensible. Trop de souffrance pour ma tête fragile. Je me suis dit que vous seriez indulgents. Respecter mes limites est justement un apprentissage que la dépression m’oblige à faire.
Savez-vous ce qui m’a le plus marquée de vos réactions? C’est le nombre de fois où on m’a félicitée de m’ouvrir publiquement sur ma dépression. Je n’ai pas l’impression que ça mérite vos applaudissements.
Pour moi, il n’y a rien de plus normal que d’être humain. C’est-à-dire : imparfait. Et puisque je suis un livre ouvert, je n’ai aucun problème à parler de mes difficultés ou de mes torts.
La preuve?
En plus d’être dépressive, je suis naturellement impatiente, j’ai tendance à vivre dans le futur plutôt que le présent, je commence à être trop dépendante de mon cellulaire. J’ai vraiment les cheveux rebelles et secs. Je me coiffe rarement avant d’aller conduire les enfants le matin (vive le temps froid qui se prolonge pour les tuques); souvent, je garde même mon haut de pyjama et j’enfile simplement un jeans. Je mange des biscuits en cachette quand mes enfants ont le dos tourné parce que je ne respecte pas le quota que je leur impose. J’achète beaucoup trop de tissu pour assouvir mon passe-temps : la couture. Je n’appelle pas assez souvent mes proches. Je suis soupe au lait la veille d’un gros contrat d’animation. Je sacre même à l’occasion.
Ça ne m’empêche pas d’être un humain formidable. ;-)
Je trouve important de présenter ces aspects de moi à mes enfants. Pour qu’ils sachent bien que maman n’est pas parfaite. Pour qu’ils comprennent que leurs défauts sont normaux, qu’ils méritent d’être aimés dans toute leur imperfection. Afin qu’ils ne cherchent pas à performer toute leur vie dans le but d’être aimés. Parce que l’amour, le vrai, se donne. Il ne se gagne pas au prix des efforts qu’on fait.
Parfois, je doute de mon choix. Je songe que mes enfants se sentiraient plus en sécurité avec une maman forte et toujours en contrôle. Puis, je surprends une de mes filles en train de se fouiller dans le nez. Je lui fais de gros yeux. Elle se dirige vers la boîte de mouchoirs; dégage son nez adéquatement; me sourit et me dit : « Moi aussi, je t’aime, maman. »
Et là, je ne doute plus.
17 avril 2018
Photo : GettyImages/Geber86