Le jour où notre enfant nous a faussé compagnie

Le jour où notre enfant nous a faussé compagnie
Il vient un moment où un enfant commence à vouloir choisir des activités différentes de celles proposées par ses parents. Jean-François Quessy l’a vécu récemment.

Nous étions le 24 décembre, en visite chez mes beaux-parents, à cinq heures de route, au Lac-Saint-Jean. Nous nous apprêtions à enfiler nos plus jolis vêtements juste avant de prendre la route vers l’église, pour la messe du soir. Une tradition que nous avons préservée, ma conjointe et moi, en dépit de l’effritement de la religion dans nos vies.

Elle était d’une grande beauté, j’étais « pas-pire-pantoute » (on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, le résultat était pas si mal!), mon plus jeune était tout sourire avec sa chemise à carreaux et son nœud papillon tandis que mon plus vieux était…

Absent.

Oui, absent.

Quand un enfant commence à faire ses choix

Nous y voilà, donc, à ce moment, dans une vie d’enfant, où un petit homme ou une petite femme commence à vouloir choisir des activités différentes de celles proposées par ses parents.

En ce soir magique, notre grand garçon de 9 ans préférait prendre part à la tradition familiale de son parrain et de sa marraine, aux côtés de ses cousins : aller faire une balade en raquettes, à la noirceur, en forêt.

Évidemment, en tant que parents, nous aurions pu exiger qu’il nous suive en lui expliquant l’importance, pour nous, de l’avoir à nos côtés un 24 décembre au soir. Mais, comment aurait-il réagi?

Aurait-il eu davantage envie de nous suivre pour cela? Aurions-nous dû démarrer une négociation qui aurait fini par mettre tout le monde en rogne et gâcher le réveillon?

Expliquer, puis donner la liberté

Nous avons discuté avec notre grand, nous lui avons expliqué le plan de notre soirée, l’importance d’être en famille, mais nous l’avons aussi écouté pour comprendre ce qui l’attirait dans l’autre option : faire « différent », éviter la visite à l’église, aller jouer dehors, voir ses cousins qu’il ne voit pas souvent, faire une activité à la noirceur, etc.

Puis, nous avons pris deux directions différentes, mutuellement heureux. En sachant qu’après nos activités respectives, nous allions nous retrouver puisque les cousins venaient nous rejoindre chez les grands-parents.

En route vers l’église, j’avais un drôle de sentiment. Il y avait un trou. Il manquait une petite tête dans mon rétroviseur. C’était vraiment étrange. À l’église aussi. Puis, cette sensation de manque s’est transformée en fierté.

La fierté de voir mon fils prendre de l’autonomie, de l’assurance, et être en mesure de prendre des décisions qu’il assume.

Avec du recul, je me rends compte qu’il aurait été facile (et peut-être même tentant), d’exiger qu’il vienne avec nous. Mais agir ainsi aurait possiblement répondu davantage à notre besoin de parents qu’à son besoin d’enfant. Je suis content que nous lui ayons laissé cette liberté.

Surtout qu’après l’activité, lorsque nous nous sommes tous retrouvés pour le reste de la soirée, nous avons pris le temps de parler. Nous lui avons dit que c’était bizarre de ne pas l’avoir avec nous et il était heureux de l’entendre.

Puis, il nous a raconté, photos à l’appui, sa belle soirée. Nous étions aussi très heureux pour lui.

Ainsi, notre soirée ne fut pas moins magique que par les années passées. Elle le fut peut-être même un peu plus!

 

15 janvier 2020

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/Imgorthand

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