Des jouets au féminin ou au masculin

Des jouets au féminin ou au masculin
Par Dr Nicolas Chevrier, Psychologue
J’ai cru que ma fille allait s’amuser avec autant d’entrain avec les petites voitures, les blocs et les figurines que ses 2 frères.

À la maison, une des tâches importantes qui m’incombe comme papa, c’est la gestion des jeux. Il semble que je sois le plus apte à adopter ce rôle. En effet, je n’ai jamais peur de m’aventurer à genoux, durant des heures, dans des tunnels trop petits pour moi ou d’être enseveli dans une piscine de balles.

Depuis quelques mois, j’observe Leeloo développer ses préférences pour les jeux. Avant d’avoir une fille, j’étais plutôt partisan de la croyance selon laquelle le sexe de l’enfant n’a pas d’importance dans le choix des jouets et que c’est plutôt l’environnement qui conditionne ce choix. Selon cette croyance, Leeloo aurait dû s’amuser autant qu’Akira avec le sabre laser d’Obi-Wan Kenobi.

J’ai donc cru que ma fille allait s’amuser avec autant d’entrain avec les petites voitures, les blocs de construction et les figurines que ses 2 frères le faisaient quand ils étaient plus petits. Ce n’est toutefois pas ce que j’ai observé. Au contraire, je l’ai rarement vu jouer avec des figurines. Même les figurines de sexe féminin ne l’intéressent pas.

Par contre, c’est très différent avec les poupées, car elle peut y jouer durant des heures. J’ai remarqué qu’elle prend plus de plaisir à être centrée sur la poupée (l’habiller, lui faire une coiffure, échanger avec elle, etc.) qu’à être centrée sur l’action que fera la poupée.

De même, elle peut s’amuser avec de la pâte à modeler, dessiner des familles et des animaux, faire des colliers qu’elle portera ensuite et discuter avec ses peluches. Un contraste important quand je pense qu’à son âge Akira lançait sa peluche de Spiderman en bas de l’escalier pour tester les capacités à voler du superhéros…

Ces observations, je peux les regrouper selon deux grandes catégories de différences entre les garçons et les filles qui ont déjà été bien identifiées dans la littérature scientifique.

D’abord, les filles semblent plus attirées par les activités artistiques que les garçons. Chez nous, la différence est claire. Leeloo aime beaucoup mieux se faire lire des histoires ou faire un dessin que de lancer un ballon. Par contre, cette observation ne semble s’appliquer que lorsqu’elle a un choix. Si elle n’a pas le choix, par exemple, lorsqu’on va dans un grand parc intérieur, elle s’adonne avec joie aux mêmes activités physiques que ses frères.

Ensuite, il semble que les jeux auxquels s’adonnent les filles entre 3 et 4 ans soient plus centrés sur la personne que ceux des garçons. Je remarque aussi cette tendance à la maison. Lorsqu’on lui donne le choix, Leeloo va préférer un jeu centré sur la personne plutôt qu’une activité centrée sur l’action.

Ce que je retiens de ces informations c’est l’importance d’offrir plusieurs types de jeux qui permettront des apprentissages diversifiés chez nos enfants. Je retiens également que parfois, comme papa, je dois forcer un choix de jeu afin de permettre des apprentissages différents. Je dois donc inciter Leeloo à faire des activités plus physiques, mais aussi Akira à faire plus de bricolage.

Le mot d’ordre est donc la diversité des activités. Plus l’enfant est exposé à une diversité de jeu, plus ses apprentissages seront nombreux. Sachant cela, il ne me reste qu’à trouver une façon de convaincre Akira de s’amuser avec les pouliches de Leeloo. Peut-être y arriverais-je si Han Solo devient son cavalier…

 

13 octobre 2015

Naître et grandir

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