Le père des enfants de Josée Bournival a toujours été très impliqué envers elle, mais pas envers sa bedaine. Son récit.Porter un enfant, le sentir de l’intérieur est au sommet de la liste des bonheurs que j’ai vécus dans ma vie. Un honneur réservé aux femmes et qui n’est pas accessible aux hommes. Et ce petit détail crée parfois un immense fossé entre les futurs parents.
Le père de mes enfants a très souvent couché sa grande main sur mon ventre. Je la déplaçais doucement et lui recommandais de ne pas exercer de pression. S’il agissait avec douceur, il y avait de bonnes chances pour qu’il puisse enfin sentir un coup de pied au creux de sa paume.
Trop souvent, comme chaque fois qu’une main étrangère à mon corps tentait de sentir leurs mouvements, mes bébés s’immobilisaient. Ils calmaient leurs exercices. Ils patientaient et guettaient le départ de la main trop curieuse.
J’aimais qu’on flatte ma bedaine et j’invitais le papa à le faire dès le début de mes grossesses. La demande venait rarement de lui.
Et parfois… Toc toc!
Pas besoin de lui spécifier que bébé venait de bouger. C’était une évidence. Les yeux de l’homme de la maison s’agrandissaient. Il avait bel et bien senti un mouvement. On aurait dit qu’il retenait sa respiration afin que bébé répète son exploit. Je voyais bien que ça le rendait heureux de sentir une présence concrète.
Le père de mes enfants ne parlait pas à mon bedon. Il ne l’embrassait pas et ne le caressait pas pour établir un lien avec nos bébés. Quand je me levais, il ne pensait pas à les saluer ni à leur dire qu’il allait s’ennuyer à l’heure de partir travailler. Même jusqu’au 4e enfant, ça demeurait très abstrait pour lui.
De mon côté, dès que mes bébés faisaient des cabrioles, je lui proposais d’essayer de sentir leurs mouvements. J’ai fait la même chose avec les enfants à chaque nouvelle grossesse. Il n’y a que mon aînée qui s’est fait saluer par son petit frère. Les autres essayaient trois secondes et se désintéressaient rapidement de mon ventre pourtant plein de vie.
Je l’avoue, j’ai trouvé difficile d’impliquer le papa pendant mes grossesses. Du moins, auprès des bébés. Il se dédiait à me simplifier la vie pour éviter mes sautes d’humeur, à me donner l’occasion de me reposer, etc. Il prenait en charge la maisonnée au meilleur de ses capacités. Il a toujours été très impliqué envers moi, mais pas envers ma bedaine.
À chaque début de grossesse, je considérais que j’avais un enfant de plus que lui. Et c’est seulement le jour de l’accouchement que nos compteurs redevenaient égaux.
Quant aux nombreux rendez-vous pour le suivi de grossesse, il est souvent venu aux échographies, car il était fasciné par cette représentation visuelle. Mais je suis allée seule aux rendez-vous de suivi avec mon obstétricienne.
Si vous vivez quelque chose de semblable, je vous rassure : ça n’annonce en rien l’implication du papa dans la vie du bébé. Mes enfants ont un papa formidable qui est toujours très impliqué auprès d’eux. Et c’est ce que je vous souhaite également.
Mise à jour le 27 octobre 2021
Publiée originalement le 3 juillet 2015
Photos : GettyImages/Eva-Katalin