Frère et soeur: petits et grands dérapages

Frère et soeur: petits et grands dérapages
Petite, je restais souvent coincée dans le cerisier de mon jardin. En larmes. À cause de mon frère qui, après m’y avoir fait monter, refusait de m’aider à en descendre. Il restait en bas à me faire des grimaces et disparaissait subitement au son de la voix maternelle. Un vrai débile! C’est sans compter les fois où il m’attachait à mon lit, pendant mon sommeil, avec le cadenas de son vélo ou noyait ma poupée préférée dans l’évier de la cuisine!

Avec le temps, j’ai arrêté de pleurer. J’ai appris à descendre toute seule de l’arbre (après m’être gavée de cerises), à cacher sur moi un double de la clé du cadenas et j’ai compris que ma poupée avait plus besoin de mon imagination pour exister que d’oxygène. Petit à petit, j’ai cessé d’être une victime. Du coup, mon agaçant grand frère adoré a trouvé ça beaucoup moins amusant et a cessé de m’embêter pour se transformer en grand frère adoré tout court. Aujourd’hui, je ris de ces mésaventures dont lui, garde peu de souvenirs. À ses yeux, j’étais et je reste sa petite soeur qu’il aime et qu’il aimera toujours. Pour lui, ce n’était probablement qu’un jeu.

J’ai l’impression que ce sadisme latent fait partie de l’enfance, car malgré tous les sentiments de tendresse, d’écoute et de compassion que j’insuffle à mes enfants et qu’ils ressentent les uns envers les autres, les dérapages sont fréquents! Heureusement, je sais que le temps, l’éducation et surtout l’amour finiront par en avoir raison.

Il y a de cela quelques hivers, pendant que je me promenais dans le bois, j’ai entendu mon petit garçon hurler. En voyant ma fille aînée arriver en rigolant, j’ai senti le mauvais coup et l’ai interrogé sur le champ. Essoufflée, la diablesse m’avait répondu : « On a entendu un bruit près des arbres et là, j’ai crié, Oh secours! Un loup! Et je suis partie en courant. » En me précipitant vers son frère haut comme 3 pommes, je l’ai trouvé coincé dans un banc de neige en train de s’époumoner : « MAMAAAAAAN! Loup manzer moi! loup manzer moi! Oin, oin... » J’eus alors la vision fugace de mon petit bonhomme assis dans un grand bureau vide en train de raconter ses traumatismes d’enfance à un vieux psychologue aux oreilles poilues.

Quelques sermons plus loin, ma grande coquine, oubliant l’incident, récidiva à l’heure du bain...

J’entends encore mon fils lui demander : « Où ton zizi? » et ma fille, de lui répondre d’un air malicieux : « Il est tombé! »

Le pauvre en est resté bouche bée et moi, tout ce que j’ai réussi à penser, c’est : « J’espère que le thérapeute va me faire un prix! »

 

23 février 2011

Naître et grandir

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