Faut-il se soucier du nombre de mots dits par un tout-petit?

Faut-il se soucier du nombre de mots dits par un tout-petit?
Par Marie-Ève Bergeron-Gaudin, Orthophoniste

Mon Renaud vient d’avoir 18 mois. Il s’exprime comme la moyenne des enfants de son âge, même s’il parle beaucoup moins que son frère au même âge. À 1 an et demi, les différences de langage entre les enfants peuvent être importantes sans que ce soit préoccupant. C’est qu’entre 16 et 20 mois environ, l’enfant connaît généralement une explosion de son vocabulaire : au lieu de dire un nouveau mot de temps en temps, il se met à utiliser de nouveaux mots plus régulièrement. Cela se produit souvent lorsqu’il dit 50 mots environ. Ainsi, l’enfant qui ne dit qu’un nouveau mot par semaine n’est peut-être pas si loin de « débloquer »!

Le nombre de mots utilisés

Au Québec, une étude a été menée auprès de plus de 1 000 parents d’enfants de 16 à 30 mois. Les parents ont rempli un questionnaire dans lequel ils devaient cocher les mots que leur enfant disait. Dans la liste, il y avait des bruits (ex. « vroum ») et des sons d’animaux (ex. « miaou ») dont on peut aussi tenir compte lorsqu’on calcule le nombre de mots qu’un enfant dit. Selon les résultats de cette étude, les enfants de 18 mois qui disent environ 25 mots sont dans la norme, tout comme les enfants qui produisent 100 mots et plus… ce qui prouve la grande variabilité entre les enfants.

Mais, au fait, est-ce que le nombre de mots dits par l’enfant est si important? Pas nécessairement! Le plus important, à 18 mois, demeure la compréhension du langage. Ainsi, à cet âge, l’enfant comprend normalement de petites questions simples comme « où? » et des questions auxquelles on peut répondre par « oui » ou « non ». Il est aussi capable d’aller chercher des objets connus qu’il ne voit pas lorsqu’on le lui demande. Mais encore là, ce n’est pas nécessairement parce qu’un enfant a de petites difficultés à comprendre le langage à 18 mois qu’il en aura à 5 ans. C’est d’ailleurs seulement vers 4 à 5 ans que l’on peut conclure à un trouble du langage, c’est-à-dire à des difficultés qui persisteront à l’âge scolaire. À 18 mois, il demeure très difficile de prédire l’évolution langagière d’un enfant.

Pourquoi se soucier du développement du vocabulaire?

Puisque le nombre de mots utilisés est si variable d’un enfant de 18 mois à l’autre, pourquoi s’en soucier, alors? Surtout parce que le fait qu’un enfant emploie peu ou pas de mots à 18 mois peut parfois refléter un manque d’intérêt à communiquer, une difficulté à produire des sons ou des difficultés de compréhension. Dans ces cas, le petit nombre de mots dits peut mettre « la puce à l’oreille » et aider à détecter les autres difficultés. Des stratégies simples gagnent alors à être appliquées (voir les liens plus bas).

En somme, le langage ne se résume pas au nombre de mots que l’enfant dit; c’est aussi la compréhension, les différentes raisons qu’a l’enfant d’utiliser des mots, etc. Le langage permet à l’enfant d’exprimer ses désirs et ses besoins et l’aide à socialiser. Un peu plus tard, il lui permet aussi de contrôler ses émotions en les nommant. Chercher à voir si l’enfant présente des difficultés de langage et l’aider à les surmonter au besoin, ce n’est donc pas simplement compter ses mots et chercher à lui en enseigner de nouveau; c’est surtout l’accompagner dans son besoin de comprendre le langage et de se faire comprendre.

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