Faut-il changer sa façon de parler lorsqu’on s’adresse à un enfant?

Faut-il changer sa façon de parler lorsqu’on s’adresse à un enfant?
Par Dr Nicolas Chevrier, Psychologue

Lors d’un petit déjeuner en famille au restaurant, récemment, une discussion à la table d’à côté n’a pu qu’attirer mon attention. Une maman parlait à son garçon de 3 ans.

- Il veux-tu du bon jus de lo-lo le petit garçon à sa maman?

- Non, du lait.

- Miam miam, du bon lait pour le grand garçon…

J’ai été surpris d’entendre la mère parler en bébé à son enfant et j’ai été particulièrement frappé par la construction de ses phrases. Habituellement, je ne fais pas grand cas des comportements d’autres parents. Mon jugement est quand même celui d’un père qui rachète parfois ses sautes d’humeur à coups de Lego!

Toutefois, en entendant cet échange, je n’ai pu m’empêcher de penser à cette récente recherche de psychologues américains sur l’influence de la qualité de la langue utilisée par les parents dans le développement du langage de leur enfant. Les chercheurs y concluent qu’il y a un lien direct entre la qualité de la syntaxe et de la grammaire utilisée par les parents et la facilité avec laquelle l’enfant développera ses habiletés de communication.

Serait-ce à dire que l’on doit faire attention à la façon dont on parle à notre enfant? Oui et abaisser son niveau de langage pour s’adresser à notre enfant nuirait même à sa capacité de développer une syntaxe et un vocabulaire plus riches.

Faut-il donc se mettre à parler pointu et à réfléchir à sa syntaxe chaque fois qu’on ouvre la bouche? Bien sûr que non. La meilleure façon de stimuler le développement du langage de votre enfant c’est d’être soi-même et de lui parler comme si on s’adressait à un enfant de 10 ans, affirment les chercheurs.

On ne présume pas ici que l’enfant comprendra tout ce qu’on lui dit, on postule que son cerveau est plus stimulé et apprend mieux quand on lui parle à un niveau de langage de tous les jours. Bien sûr, cette étude met également de l’avant que d’autres facteurs individuels vont avoir un impact sur le développement du langage, comme l’environnement de l’enfant et les différences de chacun.

C’est un bon exemple d’un résultat de recherche qui semble de prime abord aller contre le gros bon sens. On peut penser qu’en abaissant son niveau de langage, on ne fait qu’aider notre enfant à mieux comprendre. Mais l’erreur est là, la recherche nous dit que non seulement l’enfant ne comprend pas mieux, mais que d’autres pratiques peuvent aider au développement optimal du langage chez l’enfant.

Comme quoi l’intuition ne passe pas toujours le test quand on parle de science.

 

29 octobre 2014

Naître et grandir

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