Escalade 101 pour bébé

Escalade 101 pour bébé
Par Josée Bournival, Auteure, animatrice et blogueuse
Il y a longtemps que Léonard a compris qu’une chaise ou une boîte est la clé pour accéder à toutes les surfaces en hauteur.

Honnêtement, j’hésite entre courir au secours de mon fils ou courir vers mon appareil photo pour immortaliser la scène. Jamais mon amoureux ne me croira si je n’ai pas de preuve à l’appui. Rationnelle, je me dirige vers Léonard, le saisit par les aisselles et le dépose doucement au sol.

-Non, Léonard! On ne monte pas là.

J’agrippe la chaise que monsieur a déplacée et la remets à sa place, à la table de la cuisine.

Sans aucun remords ni même une ombre d’hésitation, mon bambin me passe sous le nez, prend possession de la lourde chaise de bois, pousse dessus avec l’intention de la ramener devant le four. En montant dessus, il a accès au comptoir et de là (allez savoir comment), il réussit à grimper sur la minuscule tablette en face du four micro-ondes.

Amusée, mais le visage de marbre, je lui retire la chaise de nouveau en sachant bien que ce petit jeu va se poursuivre pendant de longues minutes. Il y a longtemps que Léonard a compris qu’une chaise ou une boîte est la clé pour accéder à toutes les surfaces en hauteur : table, comptoir, dessus des commodes, laveuse et sécheuse.

Il a vite remarqué qu’en se mettant debout sur ces surfaces normalement inaccessibles, il a accès à un nouvel univers : armoires remplies de vaisselle cassable qui fait de jolis bruits en se fracassant au sol, réveille-matin orné de boutons tellement amusants à tripoter, piles de serviettes moelleuses qui servent à amortir la descente.

Je ne compte plus le nombre de fois où une de mes filles m’a crié : « Maman, Léonard grimpe… » Chaque fois, j’accours. Parfois j’arrive à temps pour rescaper mon jeune alpiniste. Parfois, un gros « boum » m’annonce l’inévitable : la chute de Léonard au sol. Bouche ensanglantée et bleus sur le front arrivent pratiquement chaque semaine chez nous.

À l’occasion, je me sens coupable. Je surveille moins Léonard que je le faisais avec mon aînée. Il a donc le temps de faire ses mauvais coups en cachette. Si je respecte son besoin d’exploration, il y a quand même des règlements à la maison : je refuse que bébé soit debout sur le comptoir ou la table de la cuisine.

Lorsque nous allons au parc, nous encourageons les enfants à bouger, grimper, essayer de se dépasser. En attendant la fonte de la neige et le retour des beaux jours, je tolère leur envie de grimper à la maison, pourvu qu’elle ne les mette pas en danger. Je le fais parce que je me rappelle à quel point j’adorais ça lorsque j’étais enfant…

 

6 avril 2017

Naître et grandir

Photo : collection personnelle de Josée Bournival

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