Les enfants et la pleine lune

Les enfants et la pleine lune
Par Kathleen Couillard, Journaliste scientifique
La pleine lune pourrait-elle réellement affecter le comportement des enfants?

Depuis toujours, on prête à la pleine lune une certaine influence sur nos vies. On serait donc tenté de croire qu’elle affecte peut-être le comportement de nos enfants. Cependant, la recherche indique plutôt que ses effets seraient minimes, voire inexistants.

En 2016, une équipe de chercheurs internationaux a d’ailleurs voulu vérifier cette hypothèse. Ils ont ainsi mesuré l’activité physique et le sommeil de 5 812 enfants répartis dans 12 pays, dont le Canada. Leurs résultats sont toutefois un peu décevants. Ils n’ont noté aucun effet des phases lunaires sur le niveau d’activité des enfants. En d’autres termes, la pleine lune ne les rendrait pas plus excités.

Des effets sur le sommeil?

Par contre, les chercheurs ont remarqué un léger effet sur le sommeil. Les enfants étudiés dormaient environ 5 minutes de moins les nuits de pleine lune. Cela représente cependant une diminution d’à peine 1 % de la durée du sommeil. En fait, cette réduction est si faible que les scientifiques doutent que cela ait un impact réel dans la vie de ces enfants.

Cette conclusion est partagée par un chercheur montréalais et son collègue américain qui soulignent qu’une différence mesurable statistiquement ne signifie pas qu’il y a un effet dans le quotidien. Selon eux, ces résultats démontrent que l’effet de la lune n’existe pas vraiment.

Certains scientifiques continuent toutefois de croire que les phases de la Lune peuvent influencer le sommeil. Selon une équipe de chercheurs argentins et américains, des études récentes ont observé que le sommeil humain se synchronisait sur les phases de la Lune lorsque celles-ci sont réalisées dans des conditions contrôlées en laboratoire. Ces chercheurs ont d’ailleurs remarqué que les membres de communautés indigènes habitant en milieu rural ont tendance à dormir moins et à rester éveillés plus tard les jours précédant la pleine lune.

Enfin, des scientifiques du Colorado ont mesuré les niveaux de mélatonine, une hormone impliquée dans la régulation du sommeil, chez des enfants âgés de 3 à 6 ans. Ils ont noté que les taux de mélatonine étaient plus bas autour de la pleine lune. Il s’agit toutefois d’une petite étude réalisée auprès de seulement 46 enfants.

À la recherche d’une explication

Cependant, peu importe les résultats de ces études, la science n’a pas encore trouvé une façon convaincante d’expliquer comment la pleine lune pourrait influencer le sommeil.

Tout d’abord, il faut abandonner l’idée d’un effet gravitationnel de la pleine lune sur les enfants, semblable à celui causant les marées. D’abord, les forces gravitationnelles responsables des marées dépendent de la distance entre la Terre et la Lune et aussi de l’alignement entre la Lune, le Soleil et la Terre. La pleine lune elle-même n’a donc pas un effet gravitationnel particulier. De plus, ces forces sont très faibles. Si à l’échelle d’un océan elles peuvent causer les marées, elles n’ont pas le même impact sur les petites étendues d’eau comme les lacs. On imagine ainsi difficilement comment la Lune pourrait créer des marées à l’intérieur d’une personne.

Certains scientifiques croient pour leur part que la lumière de la pleine lune pourrait empêcher les enfants de bien dormir. La luminosité un soir de pleine lune est en effet 250 fois plus importante qu’une nuit sans lune. Cela influence d’ailleurs les activités nocturnes de plusieurs animaux.

Cependant, ce phénomène a plutôt lieu dans un environnement naturel. Avec la quantité de lumières artificielles qui nous entourent, il est peu probable que la luminosité de la pleine lune soit en cause.

On sait toutefois que certains animaux, comme les vers marins, ont des cycles biologiques réglés sur les phases de la Lune. Ces animaux habitent en effet dans l’océan et sont soumis aux marées provoquées par la Lune. Fait intéressant, ces vers conservent le rythme lunaire pendant quelque temps même si on les transfère en laboratoire. Ils auraient ainsi développé un genre d’horloge interne réglée sur la Lune.

Cependant, à ce jour, aucune preuve scientifique ne permet de croire que ce mécanisme existerait chez l’humain. Pour l’instant, rien ne laisse donc penser que la pleine Lune influence réellement les enfants.

 

Sources : Frontiers in Pediatrics, Frontiers in Pediatrics, Postgraduate Medical Journal, Science Advances et Journal of Sleep Research.

 

Mise à jour le 13 décembre 2022
Publié originalement le 20 mai 2016

 

Naître et grandir

Photo : iStock.com/Ricardo Reitmeyer

Partager