Votre enfant a-t-il les gènes pour veiller tard?

Votre enfant a-t-il les gènes pour veiller tard?
Par Kathleen Couillard, Journaliste scientifique
Faites-vous partie de ceux qui se disent que leur enfant peut veiller tard à l’occasion? Votre réponse pourrait dépendre des gènes de votre enfant.

Imaginez un soir de fête. Il est 19 h 55. Êtes-vous de ceux qui se disent : « Déjà presque 20 h. Il faut que je couche mon petit, sinon il sera insupportable demain! », ou plutôt de ceux qui pensent : « Bah... Il peut bien veiller plus tard. Ce n’est pas très grave »? Selon les experts, la réponse à cette question pourrait dépendre de la génétique.

C’est bien connu, le manque de sommeil est associé à des changements de comportements chez les tout-petits. Mal dormir peut causer de l’anxiété, des sautes d’humeur, de l’hyperactivité, de l’agressivité, de l’impulsivité et des crises de colère.

Le manque de sommeil empêcherait la partie avant du cerveau, le cortex préfrontal, de contrôler l’activité d’une autre portion impliquée dans la gestion des émotions, l’amygdale. C’est ce qui mènerait à une certaine instabilité émotionnelle.

De plus, l’heure du coucher serait particulièrement importante. En effet, si on ne respecte pas le rythme circadien d’un enfant, cela affecte la qualité de son sommeil en modifiant la proportion de temps passé dans chacun des stades. C’est ce qui causerait des difficultés d’adaptation.

Un gène pour veiller tard

Cependant, les enfants ne sont pas tous égaux devant le manque de sommeil. Des chercheurs ont analysé les effets de la génétique sur le comportement des tout-petits qui ont mal dormi.

Ils ont déterminé que les enfants qui portaient une particularité génétique bien précise (la version S du gène 5-HTTTLPR) étaient plus sensibles au manque de sommeil. Ils éprouvaient entre autres de la frustration, de la peur, de l’inconfort, de la tristesse ou des problèmes de concentration lorsqu’ils dormaient moins.

Les scientifiques ont toutefois observé que ces enfants étaient aussi ceux qui avaient le meilleur comportement lorsqu’ils dormaient une bonne nuit. Quant aux enfants qui n’avaient pas ce profil génétique particulier, ils n’amélioraient pas leur comportement si on leur permettait de dormir davantage. En d’autres termes, certains enfants seraient plus avantagés que les autres lorsqu’on leur permet de bien dormir.

Des enfants plus sensibles

Ce que cette étude démontre, c’est que certains tout-petits sont plus sensibles aux événements qui surviennent dans leur environnement. Dans le cas qui nous intéresse, le manque de sommeil amplifierait les problèmes de comportement et de gestion des émotions chez ceux qui ont déjà un peu de difficulté à les gérer.

Le gène 5-HTTLPR est d’ailleurs connu pour modifier la vulnérabilité des tout-petits. Par exemple, les enfants du préscolaire avec la version S de ce gène ont plus de symptômes dépressifs que les autres lorsqu’ils sont exposés à un environnement stressant.

Cette vulnérabilité serait due à un système nerveux plus sensible qui est facilement marqué par les expériences vécues. Ces enfants seraient donc plus facilement stimulés et perturbés que les autres. Cela dit, dans des environnements de qualité, ils réagiraient particulièrement bien.

Un pissenlit ou une orchidée?

Ces observations ont mené à une théorie : certains enfants seraient comme des pissenlits. Ils pourraient se développer même dans des conditions difficiles. D’autres seraient plutôt des orchidées et auraient besoin de conditions optimales.

Cependant, les plus récentes études montrent qu’il n’y a pas que deux types de fleurs chez les tout-petits. Au contraire, il y aurait une grande variété allant des plus sensibles aux plus résistantes.

Bien sûr, il n’est pas possible de savoir si votre enfant a les gènes qui lui permettent de veiller tard. Toutefois, en tant que parents, nous devinons rapidement à quel genre de fleur nous avons affaire. Nous pouvons alors adapter notre façon d’en prendre soin pour l’aider à s’épanouir.

 

Sources : Pediatrics, Child Development, Developmental Psychobiology, Development and Psychopatholgy et Cureus Journal of Medical Science

 

Mise à jour le 10 juin 2022
Publiée originalement le 22 décembre 2015

Naître et grandir

Photo : GettyImages/mapodile

Partager