Elle et lui

Elle et lui

C’est sa meilleure amie, sa confidente, son éclat de rire, celle avec qui il se sent si bien. Près d’elle, sa timidité disparaît. Il peut faire l’idiot sans se sentir idiot. Il peut enchaîner les mots sans réfléchir ou bien ne rien dire. Se laisser enrober de silence. Être lui-même à côté d’elle. Sans crainte d’être jugé.

Elle l’aime. Elle veut se marier avec lui. Elle dit : « Quand il sera un papa et moi ze serai la maman… ». Malheureusement, c’est impossible, alors elle fait semblant. Semblant qu’elle est une princesse et lui un prince, une maman, et lui un papa. Ils s’appellent « ma chérie » par ci, « mon - séri » par là  et promènent des toutous dans des minipoussettes « pas pour de vrai ». Juste pour jouer.

Un jour, je lui ai demandé, à lui, s’il avait un ami. Un vrai. Devant son air interrogateur, j’ai précisé ma pensée : « Un enfant avec qui tu te sens vraiment bien, auprès de qui tu es heureux. » Alors, il me la montrée du doigt : elle.

Elle a voulu lui dire « ze t’aime », mais comme elle ne sait pas écrire, elle lui a dessiné son amour. Il regardait son émission préférée à la télé. Il a dit : « Il n’y a pas de couleurs sur ton dessin. Il est pas beau. » Il ne voulait pas du dessin. Il ne voulait pas d’amour. Il voulait regarder son héros préféré. Les larmes aux yeux, elle est retournée s’asseoir à la table. Elle a choisi un feutre jaune (elle sait que c’est sa couleur préférée). J’ai retenu sa main. J’ai pris son dessin et lui ai soufflé à l’oreille : « Ton dessin est tellement beau. Ne change rien. Je suis certaine qu’il l’aime, ce n’est juste pas le bon moment pour lui offrir », et je suis partie lui expliquer, à lui, que les cadeaux se prennent comme ils sont et qu’elle avait de la peine.

Quelques heures plus tard, il pleurait parce qu’elle l’avait tapé et qu’il n’avait rien fait. Rien fait du tout.

Parfois, le train déraille. Elle le pousse, il la tiraille, elle l’agace, il l’ignore. Ils ne se comprennent plus, se trompent de mots. Ils ne savent plus comment s’aimer.

Alors, je chuchote dans l’oreille de l’un : « Tu sais, chaque fois que je lui donne un bonbon, elle m’en demande un autre pour toi. » Une autre fois, je dis tout bas à l’autre : « C’est lui qui a choisi cette histoire pour toi. C’est tellement gentil, tu ne trouves pas? Il a pensé à toi. »

Je sème des petites graines d’amour pour éviter qu’ils perdent ce lien si précieux. Pour les aider à se retrouver. Et ça marche. Ils retrouvent vite le chemin de leur complicité.

Ils ont 2 ans de différence, mais plus ils vieillissent et moins cela paraît. Adultes, je pense que les gens les croiront jumeaux.

Lui et elle. Frère et soeur... pour la vie.

 

18 janvier 2012

Naître et grandir

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