Doux avec bébé

Doux avec bébé
Par Josée Bournival, Auteure, animatrice et blogueuse
Je connais bien mon bébé. Ce n’est pas le pleur habituel de mon fils. Je crains soudain que Blanche ne se soit couchée sur Léonard.

Je dépose Léonard sur son tapis d’éveil. Instantanément, Blanche s’agenouille près de lui. Elle adore jouer avec son petit frère.

- Doucement avec le bébé. D’accord, Blanche?

Elle me sourit et fait une délicate caresse sur la joue de son frère pour me faire comprendre qu’elle a saisi l’essentiel de mon propos.

Je retraite vers la cuisine. Je dois préparer le souper. L’eau pour les pâtes commence à peine à frémir lorsqu’un pleur différent retentit dans la maison.

- Qu’est-ce qui se passe?

Aucun des enfants ne me répond. Pourtant, ils sont tous réunis au salon, en train d’écouter la télé. Leur silence n’est pas surprenant. Les grandes sont tellement concentrées sur l’histoire en cours qu’elles ne m’écoutent pas. C’est la même chose lorsque je leur demande ce qu’elles veulent pour déjeuner… N’empêche, je n’aime pas ça. En vitesse, je verse les pâtes dans l’eau maintenant bouillante.

Je connais bien mon bébé. Ce n’est pas le pleur habituel de mon fils. Pas celui qui signifie « je suis tanné d’être au sol, s’il vous plaît, prends-moi ». C’est autre chose. Je crains soudain que Blanche se soit couchée sur Léonard. Elle a tendance à lui faire de « gros câlins » sans réaliser qu’elle peut lui faire mal.

- Blanche, ne touche pas au bébé, OK?

Léonard pleure toujours. Je contourne alors le comptoir et la table de la cuisine et mon cœur rate un battement en découvrant la scène : mon fils est couché sur le plancher de bois franc, à environ 5 mètres de l’endroit où je l’ai laissé.

En une fraction de seconde, mon cerveau analyse la situation :

  • Impossible qu’il se soit déplacé seul.
  • Blanche se tient à proximité de lui.
  • 1 + 1 = Blanche est responsable de la fâcheuse position dans laquelle se trouve Léonard.

Je me précipite pour consoler bébé qui ne semble pas trop souffrant. Je questionne Blanche qui refuse de répondre. L’hypothèse la plus probable est qu’elle a traîné son frère au sol et qu’en voulant contourner la chaise berçante, elle lui a cogné la tête sur les pattes de bois, ce qui a provoqué les pleurs.

Je ne saurai jamais si elle l’a tiré par les pieds ou par un bras. Si bébé a trouvé le jeu amusant ou inconfortable. Si elle avait l’intention de l’amener au sous-sol pour jouer avec lui (juste l’idée d’une chute dans les marches me donne le goût de pleurer) ou de me l’amener dans la cuisine. Une chose est certaine : j’ai vraiment eu peur!

C’est la première fois que je dois surveiller les agissements d’un enfant envers mon bébé. Aux autres naissances, je ne me suis jamais inquiétée. Clémentine et Simone ont toujours été très douces avec les bébés. Blanche est… passionnée par son petit frère. Son amour est parfois féroce. Nous devons toujours être vigilants. Je pensais l’être suffisamment. Il faut croire que je devrai redoubler de prudence.

 

24 mars 2016

Naître et grandir

Photo : Josée Bournival

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