Les parents souhaitent toujours le mieux pour leurs enfants, mais ils ne sont pas toujours d’accord sur la façon d’atteindre « ce mieux ». C’est justement le cas de Carole et Louise.Les parents souhaitent toujours le mieux pour leurs enfants, mais ils ne sont pas toujours d’accord sur la façon d’atteindre « ce mieux ». C’est justement le cas de Carole et Louise.
Carole et Louise ont un petit Maxime de 2 ans qui trotte partout et tire sur tout ce qui traîne. L’autre jour, j’ai assisté à cette scène : le petit se faisait aller le développement avec une fougue particulièrement joyeuse! Trottine, tourne, se penche, ramasse, tire, pousse et recommence.
C’était presque aussi amusant de voir Carole enlever tout ce qui pouvait rendre son parcours dangereux et vérifier deux fois que les barrières devant les escaliers étaient solidement fixées. Elle voulait s’assurer qu’il soit en sécurité pendant qu’il apprenait toutes ces nouvelles habiletés motrices.
Pendant ce temps, je voyais Louise lever les yeux au ciel. Son demi-sourire en coin ne laissait aucun doute sur ce qu’elle pensait des interventions de Carole. N’en pouvant plus, elle a fini par se lever et par placer toutes sortes d’objets sur le chemin de Maxime : un coussin, sa petite chaise de bois, un camion de pompier.
Les deux veulent la même chose : le bien de leur enfant.
Quand Carole a ouvert la bouche pour protester, Louise lui a fait un clin d’œil rassurant : « inquiète-toi pas ». Louise se tenait près de son fils, elle était prudente et attentive. Quand Maxime tombait par terre, cela ne l’affolait pas du tout; Louise l’encourageait calmement à se relever tout en rassurant Carole du regard… qui manquait se précipiter, mais se retenait à temps.
Louise veut exactement la même chose que Carole : aider leur fils à se développer le mieux possible.
Louise se moque gentiment de la surprotection dont fait preuve Carole, tandis que celle-ci se félicite d’être là pour veiller au grain.
Et toutes les deux se tournent vers moi pour savoir (enfin!) quelle méthode est la bonne.
Quand je leur réponds que Maxime a besoin des deux approches, elles refusent de me croire et m’accusent de vouloir les ménager toutes les deux. Pourtant, Maxime a vraiment besoin des deux.
Les enfants ont besoin d’un parent qui veut les protéger de tout et d’un autre qui les pousse vers l’aventure. Peu importe qui tient quel rôle, homme ou femme. Peut-être croyez-vous que si Louise arrêtait de rendre le parcours de son fils difficile, Carole pourrait abaisser son niveau de maternage et tout serait parfait? Peut-être croyez-vous que Carole en fait trop?
En fait, le point d’équilibre est à peu près atteint parce que Louise tire d’un côté et que Carole tire de l’autre. Le fil de fer sur lequel avance ce petit garçon de 2 ans est parfaitement tendu. Si l’une des deux renonçait à tirer son bout, cette avancée ne serait plus possible et Maxime tomberait.
Voilà pourquoi il nous faut laisser chaque parent exercer son style de parentage.
Certains lancent les enfants en l’air et font l’avion pendant que les autres retiennent leur souffle. Dans notre culture, la « protection » est généralement portée par les mères et « l’aventure » généralement par les pères. Mais le genre attribué aux différents rôles n’a pas d’importance. Pendant ce temps, Maxime peut se développer pleinement.
Ma réponse les a un peu débinées. Je sais qu’elles auraient préféré un mode d’emploi clair : ceci toujours et cela jamais. Moi aussi j’aimerais bien, parfois, que la vie fonctionne comme ça.
Au lieu de quoi nous sommes condamnés à réfléchir, se parler, écouter, discuter et essayer quelque chose puis recommencer. La galère, quoi !
16 juin 2017
Photo : GettyImages/funky-data