Deuil périnatal: personne n'est à l'abri

Deuil périnatal: personne n'est à l'abri
Par Josée Bournival, Auteure, animatrice et blogueuse
Moi aussi, j’ai perdu un bébé. Une fausse couche. J’étais anéantie. Je me sentais très seule avec mon deuil, incomprise.

Le deuil périnatal est un sujet difficile à aborder. Encore plus lorsqu’on est enceinte ou qu’on souhaite le devenir. On préfèrerait se boucher les oreilles et ignorer les statistiques qui prouvent que c’est malheureusement une situation fréquente.

Ça nous ramène à notre plus grande peur : et si ça ne fonctionnait pas? Et si je n’avais jamais ce privilège de tenir mon enfant dans mes bras?

On a tous et toutes entendu des histoires déchirantes à ce sujet. Celle de ma cousine m’a particulièrement attristée, il y a quelques années. Sa petite Alysanne s’est fait pousser des ailes d’ange avant même de sortir du ventre de sa mère. Le shower était passé, le bedon de maman bien rond et la poulette, attendue avec impatience. Quand mes parents m’ont appris la triste nouvelle, j’étais sous le choc, car à l’époque, j’étais moi-même enceinte.

Le deuil périnatal a plusieurs visages. Que ce soit une fausse couche en début de grossesse, une complication en fin de parcours, un accouchement qui ne se passe pas comme prévu ou des problèmes de santé après la naissance; bien des bébés meurent trop tôt.

Moi aussi, j’ai perdu un bébé. Le 13 octobre 2012. Je n’oublierai jamais la date. Une fausse couche. J’étais anéantie. Je me sentais très seule avec mon deuil, incomprise. Autour de moi, on banalisait l’événement, on essayait de me faire sourire, oublier. On m’offrait des phrases creuses, des proverbes bidon, des réflexions blessantes. Tout le monde était bien intentionné, j’en suis certaine; mais personne ne comprenait vraiment ce que je traversais. Même mon amoureux. Il s’est remis du deuil beaucoup plus vite que moi. J’étais seule sur mon bateau et il prenait l’eau.

À la suite de l’annonce publique de ma fausse couche, j’ai reçu de nombreux témoignages de parents ayant traversé une épreuve similaire. Chaque histoire m’a profondément bouleversée. Dans mon entourage immédiat, certaines mères m’ont partagé leur deuil périnatal en m’avouant qu’elles n’en avaient jamais parlé à personne. La fausse couche est encore taboue. Plusieurs femmes ont honte que leur corps ne parvienne pas à porter la vie.

Le 15 octobre est la journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal. Au Québec, l’événement est souligné depuis 2008. Je sais que vous êtes nombreuses et nombreux à additionner les fausses couches, à pleurer en silence, à ressentir une immense colère ou un profond désespoir. J’ai une pensée pour chacune et chacun d’entre vous aujourd’hui. Je vous invite à trouver les ressources nécessaires si vous ressentez de la détresse et à parler de ce que vous vivez avec une personne de confiance qui saura vous écouter, sans jugement.

Pour consulter des ressources : Le deuil périnatal

Mise à jour le 8 novembre 2024
Publiée originalement le 15 octobre 2015

Naître et grandir

Photo : iStock/marcoscisetti

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