Des écrans oui, mais pas n’importe quand

Des écrans oui, mais pas n’importe quand
Par Dr Nicolas Chevrier, Psychologue
Nicolas Chevrier, psychologue, aborde l’importance d’encadrer l’usage des écrans afin de limiter les effets négatifs qu’ils peuvent avoir sur les enfants.

Peut-être faites-vous partie des sceptiques, mais c’est fou l’impact que peuvent avoir les écrans sur la vie de nos enfants. Il y a quelques années, la publication d’une étude américaine sur le sujet a d’ailleurs provoqué un tremblement de terre scientifique.

Dans cette recherche, on a comparé 2 groupes de préadolescents aux caractéristiques sociales semblables. On a envoyé un groupe dans un camp pendant 5 jours, sans aucun écran, et on a laissé le second groupe utiliser la technologie durant le même nombre de jours. Au retour, on a testé leur habileté à reconnaître des comportements non verbaux chez les autres et on a remarqué une différence écrasante! Les jeunes qui n’ont pas été exposés aux écrans durant la semaine ont développé leurs habiletés sociales de façon beaucoup plus marquée!

Cette recherche est importante, car elle démontre, entre autres, l’importance d’encadrer l’usage des écrans afin de limiter les effets négatifs qu’ils peuvent avoir sur nos enfants. En ce moment, on a parfois l’impression que les parents utilisent leur téléphone comme des gardiens mobiles. Bébé s’impatiente dans la poussette quand maman choisit des vêtements : « tiens, prends mon téléphone »! Fillette se réveille trop tôt le matin et papa a envie de dormir plus tard : « hop, prends la tablette »! Les enfants sont turbulents au restaurant : « voici, les garçons, un écran pour regarder un film ».

Si je reprends ces 3 situations, je peux cibler clairement quelles habiletés ne seront pas développées par l’enfant. Dans le cas de bébé dans la poussette, on lui enlève une occasion de développer sa patience et sa tolérance à la frustration. Avec fillette, on l’empêche de faire une activité qui pourrait l’aider à développer sa capacité à jouer librement avec les jouets qui sont déjà dans sa chambre. Finalement, les garçons turbulents manquent une occasion d’améliorer leur contrôle de soi et leur impulsivité. Plusieurs recherches ont d’ailleurs démontré que les meilleures situations d’apprentissages pour les enfants sont celles qui ont lieu dans un environnement naturel.

Parlant d’environnement naturel, ça me rappelle le discours sur les logiciels éducatifs. Contrairement à ce que plusieurs entreprises de jouets ou de logiciels interactifs veulent vous faire croire, il est faux d’affirmer que votre enfant se développera mieux s’il utilise des logiciels de développement de l’intelligence ou de la créativité. Tous les chercheurs en développement de l’enfant vous le confirmeront, jusqu’à 4 ou 5 ans, l’enfant fera toujours de meilleurs apprentissages dans un environnement réel, à 4 pattes avec un rouleau de papier de toilette et 3 plats de plastique que devant un écran plat bidimensionnel.

Au final, la meilleure façon d’utiliser les technologies, c’est de les traiter comme toute autre activité. Il y a un moment précis pour aller au parc, un moment précis pour regarder un film en famille et un moment précis pour bricoler. Il doit donc y avoir un moment précis pour jouer avec la tablette ou sur le portable de maman ou papa. Ces technologies ne doivent pas devenir des solutions faciles à notre propre manque de tolérance. Et à cet égard, je dois aussi comme papa de 3 enfants me le rappeler constamment (ainsi qu’à ma conjointe...).

 

13 mai 2015

Naître et grandir

 

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