Déconfiner l'autonomie

Déconfiner l'autonomie
« C’est là que le déclic s’est fait. Malgré ce que nous vivons, avec ses bas, j’avais trouvé un haut. » Témoignage de Keven Beauregard, papa de deux garçons.

Déjà plusieurs semaines passées à la maison sans trop connaître la suite à cette crise. Plusieurs jours passés sans la routine pressante du matin et du soir.

Récemment, mon aîné voulait que je lui montre comment faire son sandwich préféré : un pain grillé avec un oeuf cuit au micro-ondes et une tranche de fromage. Mon gars, c’est un épicurien. Bref, j’ai dit OK! Mais ce OK se voulait un « OK, je vais te montrer ça, mais ça ne va pas niaiser ». Un OK d’avant confinement.

Et puis, on a commencé. Il jasait, me racontait ses anecdotes (souvent interminables) en même temps. J’allais lui dire « OK, concentre-toi, arrête de niaiser », mais j’ai freiné. Pourquoi lui aurais-je dit ça? J’allais faire quoi, dans 5 minutes, qui m’empêcherait de l’écouter et de le laisser faire à sa façon?

C’est là que le déclic s’est fait. Malgré ce que nous vivons, avec ses bas, j’avais trouvé un haut.

J’en ai donc profité pour faire passer l’indépendance et l’autonomie en 3e vitesse. Bon, à 5 ans, ce n’est pas si évident, mais à 8 ans, c’est le temps d’apprendre quelques trucs de base. On a le temps présentement de se tromper sans se demander si ça va nous mettre en retard quelque part. Le quelque part se retrouve souvent entre la chambre et le salon, de toute façon.

Et la beauté avec l’autonomie, c’est qu’elle est contagieuse. Mon plus jeune veut lui aussi faire son pain et ne fait aucune différence entre celui que je lui fais, bien beurré, et le sien, tout déchiré. La seule différence, c’est qu’il peut désormais manger son déjeuner à 6h30 sans déranger personne!

Non seulement cette autonomie est contagieuse, elle est sacrément virulente. Quelle ne fut pas ma surprise, l’autre jour en revenant de courir, de voir ce petit bout d’homme de 5 ans ramasser sans chialer sa gaffe dans la cuisine et me dire lorsque je lui propose mon aide : « non, papa, c’est correct. C’est moi qui ai fait la gaffe, je vais ramasser le dégât. » YOU GO BOY! Et le lendemain, revenant d’une autre course (ouin, je cours beaucoup ces temps-ci), je le vois nettoyer un pinceau qu’il venait d’utiliser pour faire un bricolage. Il avait tout sorti lui-même et s’apprêtait à tout ranger lui-même.

L’ennui, l’autonomie et la réalité crue. Mes gars ont été transférés de force à l’école de la vie depuis deux mois et, mine de rien, ils en sortiront équipés de nouveaux outils!

Dans ce long creux de vague, tentons de trouver des hauts.

 

1 mai 2020

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/SolStock

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