D’où je viens, maman?

D’où je viens, maman?
Je raconte leur naissance à mes enfants chaque année. Personne ne connaissait leur nom et, pourtant, on préparait déjà une place pour eux.

Je raconte leur naissance à mes enfants chaque année, le jour de leur anniversaire. Je commence au désir d’enfant, né de l’amour de leur père et moi, leurs parents. Ainsi, mes enfants ne viennent pas de la rencontre d’un spermatozoïde et d’un ovule. Non, mes enfants viennent de bien plus loin! Ils viennent de la même rivière profonde que tant d’enfants : celle du désir et de l’espérance. Ils viennent d’aussi loin que la plus vieille des histoires d’amour. Ils viennent d’une époque où personne ne connaissait leur nom et où, pourtant, on préparait déjà une place pour eux.

Mes enfants ont appris que leur arrivée n’était pas le début du Monde. Et que le Monde ne finirait pas avec eux. Quel soulagement de savoir que nous ne sommes pas les premiers, ni les derniers. Savoir qu’il y a eu du monde avant nous et qu’il y en aura d’autres après nous, voilà ce qui nous donne le sentiment d’avoir une place bien à nous, ici et maintenant.

Votre histoire

Il nous faut raconter les histoires de famille aux enfants. Racontez votre rencontre, votre premier job, votre premier amour, votre prof de math préféré. Racontez-leur vos rêves de carrière, vos amis disparus, vos aventures d’invincibles et vos espoirs déçus.

«Je suis de sucre et d’eau d’érable
De Pater Noster et de Credo
Je suis de dix enfants à table
Je suis de janvier sous zéro»

Claude Gauthier
Le plus beau voyage

Quand Jérémie a eu 7 ans, son père lui a offert le lion de peluche de son enfance en lui racontant dans quelles circonstances il l’avait lui-même reçu au même âge. Léo, puisque c’est son nom, occupe une place très particulière parmi les autres peluches. Il est toujours avec le reste de la troupe d’animaux, mais ne participe pas à leurs activités. Il est l’aîné, le gardien, le sage. C’est que Jérémie, spontanément, a compris que ce lion de peluche venait d’ailleurs, d’une autre époque. Il a compris qu’il s’agissait d’un pont entre lui et tous les humains qui l’ont précédé. C’est ainsi qu’il apprend qui il est vraiment.

Nous sommes faits de tout ce que nos parents étaient; de tout ce que la communauté a vécu; de tout ce que l’humanité a traversé. Racontez-leur votre enfance, les parties de hockey dans la cour, les Beaux dimanches en famille devant la télé. Racontez les fêtes de Noël, les foins de juillet et les moissons d’octobre. Ces histoires leur permettent de s’ancrer dans une histoire bien plus grande qu’eux-mêmes. Et cela leur est aussi vital que d’apprendre à parler et à marcher. Ils ne sont plus seuls et fragiles dans ce tourbillon d’événements qui ne cesse de s’accélérer autour d’eux.

Non, ils ne sont pas le centre de l’univers. Ouf! Quel soulagement pour eux de l’apprendre. Et, pour nous, de nous en rappeler.

 

Ce texte a été originalement publié sur le blogue de  France Paradis.

 

13 janvier 2017

Naître et grandir

Photo : GettyImages/ princessdlaf

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