Beaucoup d’histoires circulent au sujet du coronavirus. Difficile de départager la bonne information de la mauvaise. Alors, comment rassurer son enfant sans l’inquiéter davantage?Ma fille Leeloo, 8 ans, comme bien des enfants de son âge, commence à s’intéresser à ce qui se passe dans le monde. Et avec deux frères plus âgés et très curieux, elle entend souvent des bouts de conversations qui, mis ensemble, peuvent surprendre!
- Papa, c’est vrai que Donald Trump a fait un virus et qu’on pourrait tous mourir?
- Non ma belle, Donald Trump et le coronavirus n’ont rien à voir. L’un est président des États-Unis et l’autre est un virus qu’on a d’abord vu en Chine et qui est maintenant présent dans d’autres pays.
- Est-ce qu’il va nous faire mourir?
- Nous faire mourir? Non. Je vais t’expliquer comment ça fonctionne un virus…
Il y a en effet beaucoup d’histoires et d’anecdotes qui circulent au sujet du coronavirus et de la maladie qui y est associée, la COVID-19. Déjà, nous, les adultes, avons de la difficulté à départager la bonne information de la mauvaise, alors imaginez un enfant!
Alors, comment parler du coronavirus à son enfant? Voici quelques conseils.
- On rassure l’enfant. C’est la base, la première chose à faire. On lui dit que, quoi qu’il arrive, on sera là pour le protéger. L’enfant doit être convaincu que son parent sera toujours là pour lui, et ce, tant qu’il n’est pas assez grand pour répondre à ses propres besoins. Quand il est rassuré, l’enfant peut développer un sentiment de compétence face à la situation.
- On lui donne ensuite de l’information en fonction de son âge. Dans le cas du coronavirus, on peut rappeler aux enfants des notions de base sur le virus, ses ressemblances avec la grippe et le fait que ce sont surtout les gens malades qui sont à risque. S’il s’inquiète parce que quelqu’un qu’il connaît est malade, on peut lui dire que si cette personne est infectée des médecins vont s’occuper d’elle. Expliquer simplement la situation aux enfants est important. Aussi, afin d’éviter de communiquer notre propre peur, on peut s’inspirer de cet article de Naître et grandir ou de la page web sur le coronavirus du gouvernement du Québec. Dans mon cas, j’aime bien le document produit par Malaka Gherig, auteure américaine de bandes dessinées.
- On redonne par la suite le contrôle à l’enfant. On sait que le sentiment d’impuissance cause beaucoup d’anxiété. Demander à l’enfant de participer à la prévention peut lui redonner un sentiment de contrôle sur une situation. On lui demande donc d’appliquer les gestes de prévention de base : se laver les mains le plus souvent possible, apprendre à tousser et éternuer dans son coude, ne pas mettre ses mains dans son visage, etc. Des comportements simples qui donnent un sentiment de contrôle aux enfants face à la situation.
- On lui permet aussi d’exprimer ses émotions sur le sujet. Par contre, cela doit être encadré et limité. On ne passe pas des soirées en famille à discuter du coronavirus et des émotions qu’on ressent à ce sujet. Les frères et sœurs n’ont pas tous le même âge ni la même sensibilité à l’anxiété. L’inviter à verbaliser ses craintes seul avec nous est la meilleure option. L’important est que ces discussions soulagent l’enfant et non l’inquiètent davantage.
- On adopte des comportements familiaux sains : limiter l’exposition aux informations (également une bonne chose pour les parents!), augmenter le temps à faire des activités ensemble comme jouer à des jeux, bricoler ou lire et continuer à respecter la routine des enfants. Bref, prendre un congé des informations anxiogènes en boucle dans les médias. Prendre une bouffée d’air frais… en famille!
Et pour les enfants plus jeunes?
Les enfants qui ne vont pas encore à l’école sont souvent moins exposés à l’actualité. Si un enfant n’en parle pas, il n’est pas conseillé d’aborder le sujet avec lui. Cela risque de l’inquiéter inutilement. Toutefois, s’il aborde le sujet avec vous, mieux vaut lui expliquer avec des mots simples qui correspondent à son niveau de développement et ne pas minimiser ce qu’il a vu ou entendu. Par contre, il faut le tenir loin des images de l’actualité qui pourraient être traumatisantes pour lui.
* Je tiens à remercier Dre Jeanne Leblanc, psychologue et grande spécialiste en gestion de crise, pour les nombreuses références.
12 mars 2020
Photo : GettyImage/Fokusiert