Comment calmer le petit hamster dans la tête de nos enfants?

Comment calmer le petit hamster dans la tête de nos enfants?
Par Dr Nicolas Chevrier, Psychologue
Comme les adultes, les enfants ruminent aussi de temps en temps. Comment les aider? Conseils de Nicolas Chevrier, psychologue.

C’est une question qu’on me pose souvent, et même un peu plus en temps de pandémie. « Pourquoi ai-je l’impression d’avoir un petit hamster qui court en rond dans ma tête et qui me cause beaucoup d’anxiété? »

Une question fort simple et parfaitement normale. Pourquoi? Parce que ça nous arrive tous, de temps en temps. On appelle ça ruminer. Oui, oui, ruminer comme le fait une vache. Dans le cas de la vache, c’est le foin qu’elle remâche à plusieurs reprises. Pour nous, ce sont des pensées que l’on va ressasser.

Par exemple, nous ruminons lors d’une situation inconnue pour laquelle on a peu de contrôle, comme dans le cas de la pandémie. Or, l’incertitude peut générer beaucoup d’anxiété.

En ruminant, on a l’impression de se donner du contrôle sur une situation. En effet, c’est un peu vrai au début. Mais, assez rapidement, on fait le tour de la réflexion productive (une réflexion en mode résolution de problème) et on tombe dans une réflexion circulaire (une réflexion en mode rumination). La rumination a pour seul objectif de produire un faux sentiment de contrôle : « quitte à ne pas avoir de contrôle sur la situation, au moins j’y pense… » C’est faux, car le contrôle sur l’incertitude … n’est pas possible!

Les enfants aussi ruminent

Les enfants ont les mêmes réflexes. Lorsqu’ils sont devant une situation pour laquelle ils n’ont pas ou peu de contrôle, ils auront tendance à utiliser leur hamster pour réduire l’anxiété, une solution qui ne fonctionne pas.

Alors quelle est la meilleure façon d’aider notre enfant à ne pas utiliser le hamster?

D’abord, aidons-le à identifier les moments où il rumine et l’objet des ruminations. Quelles sont les pensées qui sont présentes à ce moment-là? Est-ce qu’il est capable d’identifier un problème ou une situation qui demande une réflexion pour la résoudre?

Par exemple, si ses pensées sont tournées vers Maxime qui le traite souvent de « bébé » devant ses amis, alors on aide notre enfant à trouver une solution au problème : identifier des adultes qui peuvent intervenir, entraîner notre enfant à répondre fermement à Maxime, l’inscrire à une activité sportive qui stimule sa confiance en ses capacités physiques (les arts martiaux, par exemple, aident à atteindre cet objectif), etc. De cette façon, il identifie des comportements qui lui donnent un contrôle réel sur la situation. Une fois le plan établi, on renforce l’idée que l’on ne peut rien faire de plus.

On l’encourage alors à tolérer l’anxiété qui peut être générée par la situation éventuelle. C’est important que notre enfant comprenne alors que l’anxiété est normale et que lorsque la situation sera passée, cette anxiété va disparaître.

Il doit alors se poser la question suivante : « est-ce que je peux faire quelque chose, en ce moment, à propos de la situation qui me cause de l’anxiété? Si la réponse est oui, alors je me mets en mode résolution de problème. Si la réponse est non alors, je dois tolérer l’anxiété sans tomber dans le piège des ruminations. »

Ensuite, on peut demander à notre enfant quelles sont les activités qui lui permettent de ne pas trop penser à la situation : dessiner, faire des Lego, faire un jeu avec ses frères? Se distraire jusqu’à ce que l’événement ait lieu est une bonne stratégie pour l’amener à mieux tolérer l’incertitude.

On peut aussi l’aider à développer un discours intérieur réaliste face aux situations futures : « peu importe la situation, je sais que je pourrai y faire face lorsqu’elle se présentera. Si c’est une situation qui demande l’aide d’un adulte, alors je pourrai demander de l’aide à papa, maman, tante Julie, oncle Cédric, Liam mon grand frère, mon enseignante, etc. » ou encore « quand je parle de mon anxiété aux gens de mon entourage, ils peuvent m’aider à identifier les bonnes démarches. »

Finalement, c’est important d’avoir un dialogue ouvert sur l’anxiété avec notre enfant. Si on est capable de parler du hamster et de signaler sa présence quand il se pointe le bout du museau, notre enfant a déjà franchi un grand pas pour développer une saine gestion de l’anxiété. Il reste ensuite, comme toute compétence qu’on développe, à pratiquer encore et encore…

 

17 décembre 2020

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/Juanmonino

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