Canaille, au pied!

Canaille, au pied!

Il y a une chienne dans ma maison. Pour quelques semaines seulement, durant l’absence de sa maîtresse. Si tout va bien, elle devrait survivre, contrairement à mes poissons rouges dont la mort à répétition a révélé au grand jour ma  profonde incompétence en matière d’élevage marin!

Les enfants ont sauté de joie quand ils ont su qu’on allait garder « un chien, un petit peu ». Mon homme était ravi, lui qui essaie depuis si longtemps, avec mes enfants, de me convaincre d’en avoir un. Sans succès. Il faut dire que nos points de vue divergent légèrement sur le sujet…

Eux : un chien = un ami, courir, lancer de bâton, câlins, assis-debout-couché, donne la patte, guili-guili, pouet-pouet, ah! le beau chien-chien. Bonheur.

Moi : un chien= un chien, poils, odeur, langue mouillée qui pendouille, plancher sale, charge supplémentaire, vétérinaire, ramasser crotte dans la rue. Traumatisme.

Mais bon. On ne peut pas savoir tant qu’on n’a pas essayé. Accueillir Canaille quelque temps était donc l’occasion idéale de confronter nos vues sur le terrain et d’évaluer la réelle capacité de notre famille à s’occuper de cet animal.

La veille de son arrivée, les enfants ont eu un mal fou à s’endormir tellement ils étaient excités. Quant à moi, toute la nuit, j’ai rêvé que je ramassais des kilos de crottes avec un mouchoir en papier troué. Toujours le même. L’horreur.

Le matin, pour me changer les idées, j’ai regardé la définition du mot Canaille en surfant sur le Web : « Personne malhonnête et méprisable », suivi d’une vingtaine de synonymes tels que « bandit, brigand, coquin, crapule, fripon, fripouille, gredin, malandrin, misérable, polisson, scélérat, truand, vaurien, vermine, voyou, vulgaire... »

J’ai eu un long silence inquiet avec moi-même.

Et puis, la bête est arrivée. Belle comme un soleil. Elle m’a fait les yeux doux et j’ai craqué dès qu’elle est sortie de l’auto. Je suis redevenue la petite fille de 4 ans qui jouait avec son chien. Canaille a accepté avec bonheur tous les câlins de mes enfants, incluant les miens. On lui a lancé des bâtons qu’elle n’a jamais ramenés. Elle a déchiqueté le Frisbee de mon fils en 2 minutes et nous a organisé une chasse au trésor en faisant ses besoins trois fois dans le jardin (pour les trouver, il fallait glisser dessus). Elle a bavé de joie sur le pantalon de mon homme tout en essayant de mordiller sa chemise. Les écureuils du jardin et notre voisin se sont réfugiés dans leurs tanières respectives en l’entendant aboyer. Enfin, elle s’est couchée, les pattes mouillées, dans mon entrée, la langue pendante, puis a piqué un bon petit roupillon pour se remettre de ses émotions. Bizarrement, ça ne m’a pas dérangé. C’était une nouvelle énergie.

Depuis, mon homme a décidé que finalement, un chien, ce n’était pas une si bonne idée! Quant à mes enfants et moi, on est sous le charme. On fait de grandes marches avec elle en ramassant ses petits trésors (finalement ça ne me dérange pas). Mon fils la brosse et ma fille lui donne ses croquettes en lui confiant ses secrets. Elle me tient compagnie quand la maison est vide. Elle reste assise quand on lui dit de venir, se met debout quand on lui dit de s’asseoir et s’excite quand on lui dit de se calmer. Elle est toujours en décalage horaire, un peu comme mes enfants, tiens! Contre toute attente, j’avoue que c’est chouette un chien et je crois bien qu’elle va nous manquer quand elle partira cette Canaille.

 

6 septembre 2012

Naître et grandir

Partager