Le fils de Jean-François Quessy aura bientôt 7 ans. Il a des besoins particuliers et, plus il grandit, moins il passe inaperçu en public. Fait vécu.Mon plus jeune aura bientôt 7 ans. Il a des besoins particuliers et, plus il grandit, moins il passe inaperçu en public. Il n’y a pas si longtemps, il était plus petit et, lorsqu’il parlait fort, qu’il saluait à peu près n’importe qui et qu’il babillait des mots incompréhensibles, ça avait un petit quelque chose de mignon.
Après tout, il était petit!
Maintenant, même s’il est beau comme un cœur (Dieu, merci, ça aide!), certaines personnes sont de moins en moins subtiles et compréhensives.
Pourtant, plus il vieillit, plus c’est clair qu’il est différent!
Mais, visiblement, c’est moins « cute » qu’avant...
Un événement récent
Il y a quelques jours, je suis sorti faire l’épicerie avec lui.
Ce jour-là, il était très dur à tenir en place : il criait beaucoup (de joie) et je devais faire preuve de mille et une stratégies pour tenter de le calmer ou pour le divertir. Il était assis dans le panier, un sac de patates sur lequel il tapait pour jouer de la musique à sa gauche et un pain écrasé sur lequel il s’était pratiqué juste avant, à sa droite.
Bien franchement, entre une petite crise d’épilepsie, son retard sévère de langage, sa déficience intellectuelle évidente et son TDAH, nous passions difficilement inaperçus.
Dans tout ce branle-bas de combat, je réussissais tout de même à porter attention aux encouragements que la plupart des gens m’envoyaient, que ce soit par le biais d’un simple sourire ou par des regards empreints de compassion.
Ça a l’air de rien, mais ça fait toujours du bien.
Puis, il y a eu cette dame, au moment de payer notre commande, qui ne m’a jamais regardé, mais qui dévisageait mon enfant à répétition.
Elle déposait ses articles sur le tapis roulant, puis se retournait pour lui lancer des regards foudroyants.
C’est alors que j’ai employé la technique que j’utilise régulièrement lorsque je rencontre des gens qui agissent de la sorte : parler à mon enfant à voix haute, comme si ladite personne ne m’entendait pas.
- Moi : « Oh, mon homme! Je pense que la madame à côté aimerait beaucoup ça te garder en fin de semaine. Elle a l’air d’aimer les enfants différents puis d’être TRÈS TRÈS patiente... »
[Une autre dame à côté de moi trouvait visiblement mon truc très drôle.]
- Moi : « Tu sais, y’a des gens comme ça. S’ils faisaient deux, trois ou quatre crises d’épilepsie par jour en plus d’avoir une déficience intellectuelle, peut-être qu’ils crieraient aussi comme toi de temps en temps et qu’ils comprendraient mieux. »
Habituellement, ça crée un malaise et la personne essaie de quitter le plus vite possible!
Cette fois, la dame d’un certain âge s’est retournée.
- Madame : « Non, j’crierais pas comme ça en public, moi. »
- Moi : « Hum... Ma chère dame. Je trouvais que mon message était bon... Vous allez pouvoir relaxer, on a terminé. Éli-Noam, tu lui dis bye? »
Et c’est là que mon garçon, les deux bras en l’air avec un grand sourire, lui a crié possiblement le plus FORT bye-bye de toute sa vie!!!
Puis je me suis retourné, en riant intérieurement et en me disant que oui, il y aura toujours des gens insensibles devant la différence. Mais, heureusement, il y a tous les autres.
Alors, nous sommes repartis, heureux, en jouant de la musique sur un sac de patates et sur du pain écrasé, en mangeant des raisins qui n’avaient pas encore été lavés (un père finit par lâcher prise!).
16 octobre 2019
Photo : Jean-François Quessy