C’est parfois difficile de toujours se faire toucher et coller la bedaine quand on est enceinte.Je croise régulièrement des femmes enceintes. Chaque fois, je me sens nostalgique. L’envie d’étendre le bras pour toucher leur ventre rebondi me traverse parfois l’esprit. Jamais je n’oserais être intrusive de la sorte, même avec mes amies ou mes collègues, mais l’envie y est.
Si j’évite les contacts physiques, c’est que j’ai un souvenir très clair du besoin d’espace dont j’avais personnellement besoin en fin de grossesse, surtout à la quatrième et dernière.
Blanche demandait souvent à se faire bercer. Je m’installais confortablement et mon koala d’amour posait sa tête sur mon épaule et enserrait mon cou de ses petits bras potelés. Avec mon ventre de 8e mois de grossesse, le câlin était inconfortable. Le poids de Blanche reposait sur mon ventre et Léonard-en-devenir n’aimait pas ça. Il commençait à donner des coups, l’air de dire « la place est déjà occupée. Tasse-toi, grande sœur! »
Clémentine, pour sa part, souhaitait cajoler son petit frère. Pour elle, ça consistait à me flatter le ventre longuement et énergiquement. Son toucher m’EX-AS-PÉ-RAIT! Elle me suivait comme un chien de poche, scotchée à ma bedaine pour l’embrasser sans arrêt.
Très souvent, je me suis entendu dire à mes enfants :
— Pourriez-vous décoller un peu? J’ai besoin d’air!
Je suis pourtant une fille chaleureuse qui apprécie les contacts humains. Je n’hésite jamais à toucher les gens que je croise, à prendre mes enfants contre moi (même si certains me dépassent en grandeur à présent). Mais enceinte, j’aurais voulu être transparente pour qu’on oublie de me coller.
Avec les inconnus, c’était encore pire! Dans la cour du CPE que fréquentait Simone, les enfants se massaient autour de moi pour toucher au bébé. Ils étaient curieux et posaient des questions. Je répondais patiemment et permettais le contact, mais ça m’agressait. J’avais parfois l’impression que mon ventre ne m’appartenait plus. Si je tolérais ces comportements avec des bambins, j’avoue que j’étais plus sèche avec les inconnus croisés au supermarché qui se donnaient le droit de poser une main sur mon ventre sans demander la permission. Je trouvais ça déplacé.
Voilà pourquoi, lorsque vous vous promenez en public avec votre ventre plein de vie, je vous observe, à distance, les yeux attendris. Si vous croisez mon regard, vous y lirez probablement mon désir de revivre à travers vous le miracle de la grossesse. Mais je promets de ne pas entrer dans votre bulle. À moins que vous ne m’y invitiez?
Mise à jour le 14 août 2025
Publiée originalement le 24 septembre 2015
Photo : iStock/vadimguzhva