Besoin d'air

Besoin d'air
Par Josée Bournival, Auteure, animatrice et blogueuse
C’est parfois difficile de toujours se faire toucher et coller la bedaine quand on est enceinte.

Il est tard. Blanche ne dort pas. Elle demande à se faire bercer par maman. Je m’installe confortablement et mon koala d’amour pose sa tête sur mon épaule et enserre mon cou de ses petits bras potelés. Avec mon ventre de 8e mois de grossesse, le câlin est inconfortable. Le poids de Blanche repose sur mon ventre et bébé n’aime pas ça. Il commence à donner des coups l’air de dire « la place est déjà occupée. Tasse-toi, grande sœur! »

Le lendemain matin, Clémentine souhaite cajoler son petit frère. Pour elle, ça consiste à me flatter le ventre longuement et énergiquement. Son toucher m’exaspère. J’avoue que j’aimerais qu’elle me laisse tranquille. Surtout que j’essaye de préparer le déjeuner des enfants et qu’elle me suit comme un chien de poche, scotchée à ma bedaine pour l’embrasser sans arrêt.

Quand mon amoureux s’approche pour me témoigner son affection, c’en est trop :

— Pourriez-vous décoller un peu? J’ai besoin d’air!

Je suis pourtant une fille chaleureuse qui apprécie les contacts humains. Je n’hésite jamais à toucher les gens que je croise, à prendre mes filles contre moi, à rechercher la chaleur de mon homme. Mais présentement, j’aimerais être transparente pour qu’on oublie de me coller.

Dans la cour du CPE que fréquente Simone, les enfants se massent autour de moi pour toucher au bébé. Ils sont curieux et posent des questions. Je réponds patiemment et permets le contact, mais ça m’agresse. J’ai parfois l’impression que mon ventre ne m’appartient plus. Si je tolère ces comportements avec des enfants, j’avoue que je suis plus sèche avec les inconnus croisés au supermarché qui se donnent le droit de poser une main sur mon ventre sans demander la permission. Je trouve ça déplacé.

Mon amoureux m’a fait sourire en me comparant à une maman chevreuil qui s’isole et repousse tous les autres animaux au moment de mettre bas. L’homme n’est jamais très loin de la bête… Peut-être qu’effectivement, j’ai besoin d’espace en prévision de l’arrivée de mon fils.

 

24 septembre 2015

Naître et grandir

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