Au-delà des couches à changer

Au-delà des couches à changer
Le positif dans le fait d’avoir un enfant? Keven Beauregard, notre fier père l’explique en ces mots : un sentiment qui se comprend quand on le vit!

Lors d’une pause, je discutais avec un collègue qui n’a pas d’enfant et qui n’est pas certain d’en vouloir. Il m’expliquait cette incertitude de façon très rationnelle, pesant les pour et les contre, comme lorsqu’on doit prendre une grande décision. Je voyais clairement les deux colonnes : d’un côté les avantages, de l’autre les inconvénients. Sa colonne « inconvénients » était bien garnie. Il me demandait donc de lui sortir de quoi remplir l’autre colonne.

Il attendait, mais j’étais incapable de lui sortir clairement un point positif, et ça le faisait sourire. Mon silence lui donnait l’impression d’avoir en quelque sorte gagné son point.

Mais l’affaire, c’est qu’il m’était simplement impossible d’exprimer de façon tangible le positif.

« C’est difficile d’expliquer le positif, c’est pas aussi facile que de dire "va falloir que je me lève la nuit." C’est plus fort, c’est un sentiment, ça ne se comprend pas tant que tu ne l’as pas. »

Faut comprendre que cette pause à mon travail se déroulait lors d’un quart de nuit. Il était 4h du matin et j’avais difficilement réussi à dormir mon minimum nécessaire la veille. Mes idées n’étaient donc pas très dociles…

Ce que je voulais lui dire au fond et ce que je souhaite qu’il ait compris, c’est que ce positif n’est pas quantifiable et c’est mille fois plus fort que les couches à changer.

Pour moi, avoir des enfants, c’est soudainement avoir ce qu’il faut pour aller plus loin. C’est ce qui donne à tes jambes le jus nécessaire pour ne pas flancher à la fin de la course quand ils t’attendent au fil d’arrivée. C’est ce qui te donne le courage de partir travailler le matin quand ton cœur et ta tête n’y sont pas. C’est ce qui te fait manger autre chose que des bols de céréales pour souper, 3 soirs par semaine.

Certains profiteront de cette balle que je leur lance pour me répondre d’un revers bien placé « OK, mais c’est égoïste alors, tu fais ça pour toi dans l’fond! » J’attendais ce revers et je l’ai retourné en smash.

C’est pas égoïste. Moi, je m’en fous de souper au Frosted flakes. Je fais ça pour eux, car je veux qu’ils soient meilleurs que moi. Je veux me doter d’une crédibilité quand le soir, au pied de leur lit, je leur explique que même si ça ne leur tente pas d’aller à l’école demain, ils doivent le faire.

Je veux les aider à grandir, qu’ils me voient me surpasser. Car on le sait, les enfants fonctionnent en imitant.

Donc, c’est vrai : j’arrive pas à te sortir un bon côté à chaque fois que tu m’en nommes un mauvais. Car tous ces petits désavantages ne font pas le poids devant le sentiment de faire partie intégrante de l’évolution de deux êtres humains.

 

11 mars 2021

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/

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