Attachement: tresser des liens

Attachement: tresser des liens
Être parent, c’est des milliers de petites et grandes choses. La tâche ultime : tresser les petits fils qui créeront les liens.

C’est un peu flou. Je devais être en train de dompter une licorne, d’arriver tout nu à une réunion importante, ou quelque chose du genre, quand retentit un « Papaaaa! ». La deuxième fois que j’entendis ce « papaaa », j’étais dans mon lit, chez moi. Il était 2 h 37 du matin, environ.

Difficilement, mais rapidement, cet appel m’extirpa du lit. Mon plus vieux venait de faire un « long mauvais rêve » et il avait besoin d’un câlin. Sans vraiment en être conscient, il venait littéralement de me tirer hors du lit, en utilisant une corde que nous avions tressée depuis le tout début de sa vie. La corde du réconfort.

Une de ces nombreuses cordes.

Être parent, ce sont des milliers de petites et grandes choses, et chacune d’entre elles fait partie intégrante de LA tâche ultime : tresser les petits fils qui créeront les liens. Fil par fil, geste par geste, pour réussir à avoir quelque chose de concret qui nous unira avec ceux qui nous sont le plus chers. Une espèce de prolongement du concept assez efficace qu’est le cordon ombilical (two thumbs up à la science!).

De petits gestes

Des petites choses comme dire bravo, flatter le dos, encourager. Des plus grandes comme encadrer, pardonner, apprendre. Un tout, celui de vivre le plus possible ensemble, tressé par l’attachement.

Être parent, c’est des milliers de petites et grandes choses, et chacune d’entre elles fait partie intégrante de LA tâche ultime : tresser les petits fils qui créeront les liens.

C’est avec ces cordes que nous pourrons construire des ponts, semblables à ceux dans les modules de jeux, qui aident à passer d’une étape importante à une autre.

Des cordes assez longues, assez fortes pour tenir la distance qui nous séparera lorsque nos enfants quitteront la maison.

Des cordes qui pourront être suivies lorsqu’ils seront perdus dans leurs tourmentes, mais des cordes qui aussi les retiendront quand ils tenteront les sauts périlleux nécessaires pour avancer et évoluer.

Des cordes qui crient « vas-y, j’suis là! »

Mais gardons en tête que tout ce qui se construit est sujet à tomber. Le malheur arrive, c’est pour ça qu’il faut éviter l’erreur de se fier à une seule corde, car on ne sait jamais quand elle pourra s’affaiblir, s’user et se briser. Même énorme, la corde reste fragile. Et c’est à ce moment que nous devrons nous rabattre sur une autre pour rester attachés. Dans le meilleur des cas, le tressage reprendra, lentement, peut-être avec une prudente incertitude, pour au final, être reconstruit.

Tout ça pour dire : prenez le temps de tresser les fils, mais aussi, de dépoussiérer les vieilles cordes. Car un jour, le temps oblige, la personne à l’autre bout n’aura d’autres choix que de quitter, laissant ainsi ces liens tomber au sol, sans repère. Immanquablement, on s’en voudra de ne pas avoir profité du fort lien qui nous liait. Que ce soit pour un câlin la nuit, pour une recette au cégep, pour une détresse à 40 ans.

Car s’il y a une chose dont je ne peux être plus certain depuis que je suis papa, c’est que nous serons toujours prêts à sauter dans l’arène à la moindre vibration de corde.

 

Mise à jour le 1er novembre 2021
Publiée originalement le 11 avril 2017

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/AlenaPaulus

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