Alimenter leurs passions

Alimenter leurs passions
Notre blogueur Fier Père n’hésite pas à souffler fort sur les tisons pour allumer un feu… Voyez pourquoi.

Je ne suis pas le meilleur pour partir des feux de camp. Toutefois, comme je sais que ça ne prend qu’une étincelle pour que la flamme apparaisse, j’y mets tous les efforts qu’il faut… et je suis rarement déçu.

Je me souviens d’une fois, dans un chalet l’hiver, mon gars voulait faire un feu dehors. Ça m’a tout pris pour y arriver. Je me suis époumoné sur des p’tits bouts de bois pour essayer de partir tout ça. Ça a fini par marcher, mais bordel que j’avais travaillé fort! Au final, on sentait la boucane, mais mon gars était heureux et moi, j’étais ben fier.

J’ai soufflé sur pas mal de brindilles avant que le bois se mette à brûler pour vrai. J’ai essayé d’alimenter de partout. Papier en boules, brindilles, fausse assurance de père qui ne veut pas perdre la face : j’y avais mis beaucoup d’effort.

Allumer la flamme

Exactement comme quand on essaie d’alimenter des p’tits bouts d’intérêts pour que le feu, la passion, pogne quelque part chez nos enfants. Il aime dessiner? On va essayer de lui trouver de beaux crayons. Elle aime se tirailler? On va l’inscrire au judo. Il aime lire? On va lui trouver une bonne lampe de chevet et on va aller à la bibliothèque régulièrement pour aller chercher le plus de livres possible.

Dès qu’on voit un tison, on souffle. La plupart du temps, on s’essouffle, le tison s’éteint et on passe à autre chose. Mais personnellement, je préfère passer à autre chose que de passer à côté de quelque chose. Alors j’essaie, je prends une chance en me disant que le feu va finir par pogner quelque part.

Oui, il y a des gants de baseball qui se font oublier dans un coin, un microscope qui ramasse plus de poussière qu’il n’en regarde et un clavier qui encombre le sous-sol sans remplir nos oreilles. Ces objets sont les vestiges des tisons qui n’ont pas pris flamme. Ils traînent dans l’espoir d’être utiles pour un prochain feu, ici ou ailleurs. Car, qui sait, si on finit par les donner, les échanger ou les vendre, ces objets pourraient raviver une flamme dans le coeur d’un autre enfant.

On essaiera donc encore et encore de souffler jusqu’au moment où, sans crier gare, une étincelle incontrôlable enflammera d’un seul coup tout ce qu’elle a à enflammer. Après avoir passé tant d’années à souffler sur les tisons, nous pourrons finalement profiter de la chaleur que crée le bonheur d’une passion qui brûle dans les petits êtres qui nous sont si chers.

 

2 octobre 2019

Naître et grandir

Photo : GettyImages/freemixer

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