L'aîné: le cobaye

L'aîné: le cobaye
Par Josée Bournival, Auteure, animatrice et blogueuse
Nous avons souvent ajusté nos méthodes. Grâce à notre aînée, les plus jeunes ont des parents mieux outillés, plus expérimentés.

Les enfants sont couchés. Je sais qu’ils ne dorment pas encore, mais leurs petits corps fatigués sont sous les couvertures. Je rejoins mon amoureux à la cuisine. Une belle et longue conversation complice s’en suit.

Nous apprenons à être parents ensemble. Nous formons une équipe. Nos valeurs sont semblables, mais nos méthodes d’enseignements diffèrent. Nous prenons le meilleur des deux façons de faire pour élever nos « chefs-d’œuvre », comme les surnomme leur papa. Même avec 4 enfants, nous sommes parfois déroutés et surpris par la tournure des événements.

Souvent, en fin de soirée, nous nous coachons mutuellement. Nous partageons nos observations sur ce qui fonctionne bien avec tel enfant et ce qui ne fonctionne pas avec tel autre. Heureusement, quand un de nous deux éprouve de la difficulté avec un comportement, l’autre a plus de facilité.

Chacun de nos trésors est unique, mais le développement des enfants est similaire : ils franchissent tous, à leur propre rythme, des étapes semblables. Ce qui fait que j’ai parfois l’impression que notre aînée est un cobaye.

Quand je regarde notre feuille de route comme parents, je constate que nous avons souvent ajusté nos méthodes. On a beau se renseigner et lire des livres, le métier de parents s’apprend « sur le tas ». Des erreurs, il y en a eu! Heureusement, nous avons été suffisamment humbles pour le reconnaître et réorienter le tir. Surtout en ce qui concerne les conséquences.

Il est tellement facile, sous l’impulsion de la colère, de priver un enfant de dessert, de son histoire avant le dodo ou de télévision. Bref, de couper ses petites gâteries. On sait que la conséquence fait mal et on espère que la douleur lui fasse retenir la leçon. Pourtant, être privé d’une histoire pour avoir brisé un vase n’est pas conséquent. Mieux vaut imposer à l’enfant de ramasser le tout avec balai et porte-poussière. Je suis gênée de l’admettre, mais on a mis un certain temps à comprendre ce principe

J’ai aussi appris, avec les années, à ne jamais tenir pour acquis que mes enfants savent quelque chose de pourtant simple à mes yeux. Je les ai parfois chicanés, alors qu’ils ne le méritaient pas. Ça vous est déjà arrivé? Comme la fois où Clémentine avait fait un dessin au Sharpie, bien installée sur notre table de cuisine flambant neuve! Je l’autorisais à colorier avec ses feutres lavables au même endroit et j’avais présumé qu’elle comprenait que le Sharpie, réservé à l’usage des adultes, allait tacher le meuble. Mais pour elle, c’était tout simplement un crayon un peu différent qui appartenait à maman. (Et si maman le gardait pour elle, ça devait être parce qu’elle en aimait beaucoup la couleur, alors pourquoi ne pas l’utiliser dans mon dessin pour lui faire plaisir?)

Grâce à Clémentine, les plus jeunes ont des parents mieux outillés, plus expérimentés. Du haut de ses 8 ans, elle ne le sait pas, mais elle leur offre un cadeau précieux.

 

20 mars 2018

Naître et grandir

Photo : GettyImages/Mücahiddin Sentürk

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